Major Prépa > Méthodologie > Dormir ? Petit éloge (littéraire) du sommeil en prépa

Hors norme. Le mode de vie d’un élève de prépa est hors norme. Le préparationnaire doit se dépasser sans cesse physiquement, intellectuellement et mentalement. « Tout au mental » : secret aussi répandu que le sommeil… Le grand dilemme est de trouver ce subtil équilibre entre travail acharné et bonne forme physique. Et à cet égard, mille et une théories existent concernant le sommeil.
Nous t’aidons à y voir un peu plus clair avec cet article !
Combien de temps dormir ?
Certains prônent la méthode des « cycles de sommeil ». Un cycle dure en moyenne 1 h 30. Ainsi, l’essentiel est de ne pas briser un cycle au réveil. On en prescrit généralement quatre minimum et un septième (7 h 30 de sommeil donc) est même préférable en prépa.
Le sommeil est le seul espace du quotidien où le préparationnaire est délivré d’une « charge mentale ». Il est donc primordial de respecter ce moment précieux de récupération active. C’est aussi un solide allié pour se concentrer et mémoriser.
Pour les hispanistes, voici un petit détour par une gravure de Goya, issue d’une série intitulée Los Caprichos (XVIIIᵉ siècle).
Le peintre espagnol se représente endormi sur son bureau et assailli par ses démons, son imagination. Peut-être nous invite-t-il à éviter une prépa cauchemardesque, en manque de sommeil…
À quelle heure se coucher/se réveiller ?
« Longtemps, je me suis couché de bonne heure » (Incipit de À la recherche du temps perdu), nous confiait déjà Proust. En plus d’être un styliste, peut-être est-il coach en productivité. De manière générale, après 22 h, le cerveau a déjà bien chauffé pour la journée.
Certains ressentent pourtant un « pic de productivité » à la tombée de la nuit et s’emballent dans la lecture frénétique de livres à ficher. Et pourquoi pas ? La clé est pour beaucoup la régularité. Le plus difficile est d’avoir la volonté de s’arrêter quand on est « lancés » ou inspirés.
Et pourtant… Pourtant, l’exigence de ce mode de vie demande de s’astreindre du mieux qu’on peut à se coucher et à se lever toujours à la même heure. Le corps s’habitue et se recharge mieux quand il peut prendre un rythme équilibré et identique.
Et les nuits blanches ?
Il arrive bien souvent de se laisser submerger par une vague de travail. L’avantage du concours est que rien n’est joué pendant l’année, mais les élèves sont évalués sur une semaine. Alors, économise-toi ! Après une nuit blanche, la journée est « subie » et l’activité en cours est minime. Laissons la parole aux premiers vers du poème de Verlaine, Mon rêve familier :
« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend. »
Il est difficile pour un poète maudit ou un oiseau de nuit de survivre en prépa. Comme lui, rêve la nuit et stimule plutôt ton imagination poétique. S’il nous arrive tous de mal dormir, comment rattraper ?
L’art de la sieste
Les « micro-siestes » de quelques minutes, les siestes rapides de 20 minutes, la grosse sieste de 1 h 30… Laquelle est la plus efficace ? Si une sieste ne suffit pas à « retaper » un élève, elle « rebooste » souvent pour le reste de la journée.
Il suffit de tester la formule qui nous convient pour connaître la solution miracle. Dans cette perspective, il est nécessaire d’avoir un quota d’oisiveté dans la semaine/journée. Les journées sont denses et on peine à trouver du temps pour soi. Ayons la volonté de ne rien faire. Offrons-nous le loisir de papillonner, se balader, décrocher du cours, s’arrêter quelques instants. Ces pauses fugaces sont une vraie respiration régénératrice et ô combien nécessaires !
Si tu ne parviens pas à trouver le sommeil, nous te conseillons le magnifique film d’Yves Robert, Alexandre le Bienheureux (1968). Éloge de la sieste et du sommeil ? Pour méditer, quelques paroles d’Alexandre à son chien : « Faut prendre le temps de prendre son temps. Comprends-tu ? Regarde-les, mais regarde-les donc : d’un bout du champ à l’autre, ils courent. Après quoi, je te le demande, hein ? Crevés comme moi, ils sont, le soir. Ils s’endorment fatigués et ils se réveillent plus fatigués encore. »
Un café, deux cafés…
Beaucoup carburent littéralement au café, mais en excès, cette boisson énergisante aurait des effets néfastes sur la santé. Quelles sont alors les alternatives efficaces ?
À boire
Thé, infusion (royal en hiver) et maté, breuvage argentin que les sportifs tels qu’Antoine Griezmann consomment quotidiennement, car les préparationnaires sont aussi dans une situation où leur cerveau est entraîné à haut niveau.
Quid des vitamines ? Si elles sont utiles ponctuellement, notamment en période hivernale lors de laquelle la fatigue s’accumule et le manque de soleil se fait sentir, n’en abuse pas. En effet, le corps développe d’importantes carences en prépa, notre système immunitaire est affaibli, mais garde les compléments alimentaires pour des situations extrêmes (gros coup de mou et concours surtout). À cette fin, pourquoi ne pas se pencher vers des méthodes naturelles, plus douces ?
À faire
Du sport, du sport, et encore sport : il est primordial de s’aérer ! Si tu veux « écraser » le soir, il faut marcher ! Force-toi à sortir faire des courses, prendre un vélo, courir, nager (même 20 minutes). Les endorphines sont un dopant, mais s’oxygéner suffisamment nous calme aussi.
On parle souvent « d’hygiène de vie » en prépa… La qualité du sommeil dépend aussi de ton alimentation, de ton activité physique, mais aussi de ton temps d’écran. L’écran nous capture, laisse-toi plutôt captiver par quelques pages de roman avant de dormir. Ose Les Mille et Une Nuits (dans la traduction de Miquel) pour t’évader tant que Shéhérazade ne te tient pas en haleine… toute la nuit !
Tout se joue avant 7 h
Tout se joue avant d’aller en cours. L’ouvrage de développement personnel Tout se joue avant le petit-déj (Jeff Sanders, 2016) est une référence pour un préparationnaire.
Les étapes pour « devenir matinal »
Planifier ses objectifs, prendre des habitudes et s’y tenir, faire le point régulièrement. Sanders propose d’organiser ses journées en amont et de miser sur la « réflexivité ». Prévois, agis, adapte. Un de mes profs de lycée nous répétait sans cesse : « Aptitude, Attitude, Habitude. » Selon lui, trois règles de travail et de vie. La prépa repose sur beaucoup d’autodiscipline. Tu as été sélectionné·e pour progresser, il suffit de prendre le rythme !
Si certains privilégient leur morning routine, d’autres ont déjà vécu dix vies avant 8 h. Un mois avant le départ en révisions, j’ai choisi de me lever 45 minutes plus tôt pour faire du « petit latin ». On dit souvent que pour progresser en langue, la clé est de pratiquer tous les jours ; et le soir, je priorisais toujours le reste des matières.
Je suis plutôt matinale et le latin a été une de mes meilleures notes au concours. Je ne dis pas que c’est lié, mais tente de transformer tes points faibles en atout. Optimise le temps qui t’est donné pour progresser. Un peu de volonté et tu y arriveras !
Le khâgneux aime approfondir, jette un œil à l’essai de Fanny Déchanet-Platz, L’Écrivain, le sommeil et les rêves, qui alimente une réflexion théorique plus aboutie sur notre sujet.
Le sommeil est nécessaire, mais tout l’enjeu est de trouver son rythme, de s’écouter et surtout de ne pas culpabiliser ! Courage et bon voyage dans les bras de Morphée 🙂