Russie

Alors que la Russie est considérée comme un pays eurasiatique, cette dernière, partagée entre ces deux continents, s’est souvent plus ancrée sur son côté européen, délaissant sa partie asiatique. Néanmoins, depuis 2014 et la crise ukrainienne, on observe un tournant vers l’Asie. Ce qui peut suggérer que la Russie a pour souhait de se considérer désormais comme une puissance asiatique, à l’instar de la Chine.

Une Russie qui se tourne vers l’Asie

L’Asie, un continent délaissé par la Russie

Depuis le tsar Pierre le Grand et sa fenêtre sur l’Europe, la Russie se voulait être une puissance européenne. L’Asie était considérée comme une arrière-cour, en particulier lors de la période soviétique, en intégrant la Chine et le Vietnam au bloc communiste. Néanmoins, l’intérêt de l’URSS pour l’Europe était encore prédominant, notamment en étendant son influence en Europe de l’Est. L’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev en 1980 permet de rétablir des relations diplomatiques avec une partie de l’Asie (Corée du Sud, Japon…), mais l’effondrement de l’URSS en 1991 laisse cette dernière dans une position géopolitique sensible.

Alors que l’URSS n’est plus, la Russie doit se reconstruire, autant sur le plan économique que géopolitique, pour retrouver son statut d’antan. L’année 1996 marque le retour des relations sino-russes avec le groupe de Shanghai, un rapprochement entériné avec la création de l’Organisation de coopération de Shanghai en 2001. La rupture de la Russie avec le monde occidental en 2014, après la crise en Ukraine, l’oblige à se repositionner dans le système international.

Un tremplin de développement pour la Russie

Aujourd’hui, l’Asie semble être le continent vers lequel la Russie peut se tourner. D’une part, le gouvernement russe compte exploiter la partie asiatique de son territoire : mise en place de ZES pour attirer les investissements, statut de port franc pour Vladivostok, développement du tourisme en Arctique… Une nouvelle opportunité pourrait s’ouvrir avec le changement climatique : la route de passage au niveau de l’Arctique.

D’autre part, la Russie souhaite renforcer son influence et ses relations avec les pays asiatiques, en utilisant notamment les domaines de l’énergie et de l’armement. On peut citer comme exemple le Vietnam, sur lequel la Russie s’appuie en vertu des relations historiques existantes entre les deux pays. Au niveau de la défense, le Vietnam abrite la base de Cam Ranh, utilisée par les Russes depuis 2004, tandis qu’au niveau de l’énergie, Rosatom construit la première centrale nucléaire du pays depuis 2010. Dans cet élan, un accord de coopération avec le Laos et le Cambodge ont été signés en 2017 autour de l’énergie nucléaire.

C’est aussi sans compter ses alliés historiques, héritiers de l’ère soviétique et situés en Asie centrale, comme le Kazakhstan.

Les limites de ce tournant vers l’Asie

Des tensions géopolitiques entre la Russie et l’Asie

  • Avec le Japon : le Japon reste un allié du monde occidental, s’étant rallié depuis 2014 au régime de sanctions visant la Russie. Des conflits historiques existent sur l’appartenance des îles Kouriles et Sakhaline. Les revendications japonaises et russes sur ces îles datent du XIXe siècle, et leur question n’a depuis pas réellement avancé. Pour le Japon, aujourd’hui les îles Kouriles sont illégalement occupées par la Russie, après l’arrêt des pourparlers de paix par la Russie, après l’invasion de l’Ukraine.
  • Avec la Corée du Sud : cette dernière reste sous le joug des États-Unis, rendant un rapprochement difficile. C’est sans compter sur la relation entre la Russie et la Corée du Nord, qui rend la Corée du Sud méfiante de tout partenariat. La Russie sert à contenir avant tout la Corée du Nord, sur laquelle elle exerce une influence.

La domination de la Chine

Alors même que la Russie souhaite devenir une puissance asiatique, elle se confronte à son alliée et sa rivale dans la région : la Chine. Les deux pays s’entendent sur la plupart des grands dossiers géopolitiques : Syrie (veto contre l’intervention des États-Unis, relations avec la Corée du Nord) et se voient comme des contrepoids face à la présence américaine.

Il convient néanmoins de voir une certaine dissymétrie entre la Russie et la Chine, à la faveur de la Chine. En effet, la Chine domine non seulement sa relation avec la Russie (balance commerciale, exportations à haute valeur ajoutée pour la Chine, contrairement à la Russie qui exporte seulement des matières premières), mais aussi le continent asiatique. La plupart des pays cités précédemment, comme le Vietnam ou le Cambodge, restent principalement dominés par la Chine, leur premier partenaire. Ainsi, il reste peu de place à la Russie pour réellement s’imposer sur le continent asiatique.

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