Le Royaume-Uni est un sujet incontournable des écrits comme des oraux ! Cette fiche t’aidera à épater ton correcteur grâce à tes connaissances sur les années 1950, 1960 et 1970 au Royaume-Uni.
N’hésite pas à consulter les fiches précédentes sur l’histoire du Royaume-Uni avant la Seconde Guerre mondiale : la première de cette série porte sur le Royaume-Uni au lendemain de la Grande Guerre !
I. Le Royaume-Uni devient « l’homme malade de l’Europe » dans le second XXᵉ siècle
1) Le Royaume-Uni a perdu son statut de grande puissance au lendemain de la Seconde Guerre mondiale
Bien qu’elle l’ait incontestablement gagnée, la Grande-Bretagne ressort exsangue de la Seconde Guerre mondiale. Son principal problème est l’endettement énorme auquel elle fait face. Particulièrement auprès des États-Unis, desquels elle accepte de devenir dépendante. Elle accepte notamment l’aide du plan Marshall. Cette Special Relationship se concrétise militairement aux accords de Nassau en 1962.
La Grande-Bretagne reçoit alors les missiles américains Polaris. Néanmoins, le Premier ministre Clement Attlee est un fervent défenseur de l’arme atomique afin de s’assurer une place à la table d’honneur de la diplomatie internationale. La Grande-Bretagne devient alors la troisième puissance nucléaire en 1952.
2) Des difficultés sur la scène internationale et avec les colonies…
Pendant la guerre, les Japonais ont envahi la Malaisie, Singapour, la Birmanie et Hong Kong, ce qui affaiblit le pouvoir britannique. L’Inde se révolte en 1946, ce qui provoque des centaines de milliers de morts.
L’Indépendance est prononcée le 15 août 1947, mais le territoire est divisé : l’Inde hindouiste et le Pakistan musulman. De plus, en 1951, le Parlement iranien, sous l’impulsion de Mossadegh, vote la nationalisation de l’Anglo-Iranian Oil Company, ce qui provoque un conflit.
La Grande-Bretagne se résout à perdre son Empire. En 1960, le discours du Wind of Change du Premier ministre conservateur Macmillan marque ce tournant. La réputation britannique est entachée depuis l’affaire du canal de Suez de 1956. Cette affaire jette le discrédit sur le Premier ministre Anthony Eden, qui se voit contraint de reculer devant l’injonction américaine.
Une seconde vague d’indépendances a lieu à la fin des années 1950-1960 en Afrique et dans les Caraïbes.
3) … alors que la crise politico-sociale devient gravissime en Angleterre
Si l’on ne peut pas dire que le Royaume-Uni connaisse de véritables périodes d’instabilité ministérielle, la crise entre le pouvoir et le peuple, en revanche, ne fait que s’aggraver entre 1945 et 1979.
Les travaillistes, en taxant plus fortement le capital et en améliorant la progressivité de l’impôt, parviennent à réduire les inégalités. En 1950, les 1 % les plus riches possèdent 42 % de la richesse nationale, contre 56 % en 1936. Cependant, les inégalités très fortes entre l’Establishment et le reste de la population se maintiennent.
Le Welfare State britannique n’est jamais vraiment capable d’enrayer le chômage structurel, qui explose à un taux de 14 % à la fin des années 1960. Le second cabinet de Harold Wilson parvient à signer un « contrat social » avec les syndicats, négociant des mesures d’austérité salariale anti- inflationnistes. Mais l’échec du plan du FMI et la baisse du pouvoir d’achat des ouvriers provoquent une grève générale à l’hiver 1978-1979.
« L’hiver du mécontentement » a une telle ampleur, que pour la première fois depuis 1924, une motion de défiance est votée contre le gouvernement.
II. Le Royaume-Uni doit sacrifier la tradition victorienne pour lutter contre le déclin
1) Le Royaume-Uni fait le choix du Welfare State pour se reconstruire
Le choc politique de l’après-guerre se traduit aussi en Grande-Bretagne avec l’arrivée au pouvoir du parti travailliste en 1945. Le gouvernement de Clement Attlee (1945-1951) mène alors une « révolution silencieuse ». Même si le Royaume-Uni est l’un des seuls pays à conserver ses institutions d’avant-guerre, elles connaissent en six ans une véritable mutation dans le sens de l’interventionnisme étatique.
S’appuyant sur les travaux de l’économiste Beveridge dans son Rapport publié en 1942, le gouvernement bâtit un État-providence. Cela se fait à partir de grandes campagnes de nationalisations (Banque d’Angleterre, charbonnages-gaz-électricité, sidérurgie, transports…). Ces nationalisations s’accompagnent de réformes sociales (National Insurance Act en 1946, NHS en 1948, campagnes de construction et de logement, démocratisation scolaire…).
Ces réformes iront très loin et se maintiendront sous les gouvernements conservateurs en 1951 et 1970.
2) Le Royaume-Uni fait le choix de la permissive society face à la révolution des mœurs
La société britannique se distingue après-guerre par sa hiérarchie sociale très stricte, établie sur les clivages traditionnels de l’Establishment. La fin des années 1960 est toutefois marquée par des contestations croissantes des normes établies, venues de la jeunesse. Teddy Boys et blousons noirs, Rockers, puis hippies rejettent le conformisme victorien.
Cette révolution des mœurs s’accompagne d’une révolution culturelle (pop music) et pousse le gouvernement Wilson à voter une série de lois progressistes. L’avortement est légalisé en 1967, tout comme l’homosexualité et le divorce en 1968. Ces lois établissent la nouvelle « société de tolérance ».
Celle-ci n’est pas sans débordement. En effet, la délinquance des hooligans et le racisme des Skinheads s’accentuent avec l’immigration des années 1960 et se poursuivent dans des grandes émeutes parfois très violentes (Brixton).
La libération s’exprime aussi par la publication de L’Amant de lady Chatterley de D. H. Lawrence en 1960, qui avait été interdit en 1928, la minijupe de Mary Quant, l’Equal Pay Act et le Discrimination Act de 1975. La BBC retransmet le couronnement d’Elisabeth II en 1953, visionné par 20 millions de personnes. De plus, en 1950, 1 % de la population a la télévision, contre 75 % en 1965.
3) Le Royaume-Uni fait le choix de l’Europe pour vaincre son isolement
Les périodes successives d’austérité et de relance de l’économie britannique (Stop and Go), voulues par les pouvoirs attachés à l’orthodoxie financière, aboutissent à une croissance en dents de scie. Le pays constate peu à peu le retard qu’il accumule par rapport aux Six européens.
Il refuse la CECA (1951) et la CEE (1957) dans un premier temps, y préférant des projets concurrents (AELE, 1960). Néanmoins, il demande son admission à la communauté dès 1961. En 1961, puis en 1967, Charles de Gaulle, alors président de la République française, pose son veto, jugeant la Grande-Bretagne trop atlantiste.
Il faut alors attendre l’arrivée au pouvoir de Pompidou et la détermination du Premier ministre pro-européen, Edward Heath, pour que son gouvernement obtienne le feu vert.
III. Les échecs et les excès de l’interventionnisme étatique préparent le terrain pour le thatchérisme
1) La crise structurelle se poursuit sur le plan économique
Le pouvoir britannique est confronté tout du long de la période à une crise financière. Les dépenses sociales expansives et la faiblesse commerciale du pays expliquent cette crise. Le déficit quasi constant de la balance des paiements trouve des causes structurelles dans la faiblesse de l’industrie britannique.
Néanmoins, la politique de dévaluation compétitive menée en 1949 et 1967 par les gouvernements travaillistes de Attlee, puis Wilson, ne règle pas ce problème. Cette perte de valeur de la livre entretient en conséquence une inflation qui atteint les 15 % à la fin des années 1970.
La crise culmine entre 1975 et 1979, lorsque le gouvernement travailliste de James Callaghan doit demander un prêt de quatre milliards de dollars au FMI, qui lui impose un plan de rigueur.
2) L’interventionnisme excessif conduit à des dérèglements
29,3 % de la population active est employée dans le secteur public avant l’avènement de Thatcher. La fiscalité est très élevée. En effet, la tranche marginale d’imposition sur les revenus du capital est alors de 98 %, et celle sur les revenus de 83 %.
Cela conduit notamment, en 1966, le groupe The Beatles à sortir Taxman, dans laquelle ils dénoncent cette fiscalité excessive. L’absence de politique claire conduit à une augmentation massive du chômage et de l’inflation. En effet, le taux de chômage est à 5,5 % en 1979 et l’inflation de 15 % par an sous le gouvernement Callaghan.