Voici le dernier volet d’une série de fiches d’histoire sur la Chine à travers le XXe siècle. Cette fiche s’intéresse à la fin de l’ère maoïste en Chine et à l’ouverture économique du pays au capitalisme. N’hésite pas à consulter les fiches sur les périodes précédentes afin d’impressionner ton correcteur : tu trouveras celui consacré à la Chine de 1919 à 1937, celui sur les débuts du communisme (1937-1953), et enfin celui traitant de la période pendant laquelle Mao est au pouvoir (1953-1973).
I. La fin de l’ère maoïste (1973-1978)
1. La lutte pour le pouvoir
Le recentrage du parti est critiqué par l’extrême-gauche maoïste, la « Bande des 4 ». Il s’agit pour eux de profiter d’une nouvelle campagne de masse contre Confucius en novembre 1973 pour dénoncer Zhou Enlaï comme confucéen. Ce dernier réplique en accusant Lin Biao sur lequel toutes les critiques se centrent alors. La victoire de Zhou Enlai est alors définitive lorsque, durant la IVe Assemblée nationale populaire en avril 1975, il invoque la nécessité de moderniser l’agriculture, l’industrie, les sciences, la technologie et la défense. En 1978 est adopté le projet des 4 modernisations. Cependant sa mort précoce relance les luttes de pouvoir ; un compromis est trouvé en la personne de l’obscur dirigeant Hua Guofeng.
2. Le complot de la bande des 4 et la victoire de Deng Xiaoping
Ce dernier semble d’abord s’aligner sur la ligne radicale maoïste. En conséquence, cela provoque des manifestations en l’honneur de Zhou Enlai. Mais alors, une lutte au sein des radicaux voit le jour. La bande des 4 veut porter la veuve de Mao Zedong au pouvoir. Hua Guofeng les fait alors arrêter pour complot en octobre 1976. Il semble ainsi que Hua Guofeng est ce néo-maoïste dont la Chine a tant besoin. Mais en réalité, il a peu de soutiens et dès janvier 1977 Deng Xiaoping annonce sa campagne de reconquête du pouvoir. Finalement, en décembre 1978 lors du IIIe plénum du comité central du Parti Communiste Chinois, Deng Xiaoping l’emporte. Il s’agit alors d’une victoire définitive des gestionnaires pragmatiques sur l’héritage maoïste.
II. Les « Quatre Modernisations » et l’ouverture de la Chine (1978-1992)
1. Les réformes de Deng Xiaoping
Dès son arrivée au pouvoir, Deng Xiaoping annonce un ensemble de réformes économique. Il s’agit tout d’abord, de réhabiliter le profit, à la fois sur le marché libre et le secteur privé. Il encourage également l’assouplissement de la planification et le retour aux exploitations familiales. Enfin, Deng Xiaoping encourage l’ouverture aux capitaux et technologies étrangers. En 1984-1985, la libéralisation des campagnes est prioritaire, marquée par un retour aux exploitations familiales et par la décollectivisation. Cela induit la hausse de la production et des revenus paysans, avant de s’étendre aux autres activités économiques. Pour autant, elle ne s’étend pas aux grands centres urbains et industriels : autonomisation de quelques entreprises et création en 1979 de Zones Économiques Spéciales, zone franche pour attirer les capitaux étrangers.
2. L’ouverture au capitalisme dans le secteur urbain
C’est finalement en octobre 1984 qu’est étendue la réforme au secteur urbain. Il s’agit alors de la suppression de quotas de livraison obligatoire et de la libéralisation des prix agricoles et industriels. De plus, la concurrence est introduite dans le système industriel. Cela s’accompagne également de l’autofinancement, des prêts bancaires et des investissements étrangers à la place des subventions gouvernementales. Dès lors, on assiste à une hausse de la production industrielle et du niveau de vie de la population. Cela est cependant relativisé par un déficit extérieur, une hausse des prix et des déséquilibres régionaux. En 1993, la notion d‘«économie de marché socialiste» est inscrite dans la constitution.
3. Conséquences sociales des réformes
Si ces réformes mettent fin à une économie socialiste, elles marquent le retour à des valeurs et des structures traditionnelles, en particulier dans les campagnes. En effet, les réformes ont eu pour double effet de supprimer les communes populaires et de créer des paysans riches et des paysans pauvres, ces derniers migrant vers les villes. Par ailleurs, on a une recrudescence dans les campagnes de rites ancestraux, de rivalités voisines et de solidarités claniques. Cela s’accompagne d’une régression du statut de la femme et d’une mauvaise application de la politique de contrôle de naissances. À l’inverse dans les villes, la société s’urbanise sous l’influence capitaliste et occidentale. La hausse du niveau de vie s’accompagne d’une hausse de la criminalité et de la délinquance.
III. L’impossible démocratisation ?
1. Une ouverture économique qui s’accompagne d’une ouverture politique
Cette politique économique s’accompagne dès 1978 d’une ouverture au monde et en particulier occidental. En 1978, est signé un accord commercial avec la CEE et un traité de paix et d’amitié avec le Japon. De plus, des relations officielles sont établies avec les États-Unis (accords de coopération scientifique et technique). Enfin, la RPC entre au FMI en 1980 et conclut un accord avec le Royaume Uni sur Hong Kong en 1984. Cette ouverture se ferme lors des sanctions répressives appliquées à la Chine après 1989. Cependant, étant donné les intérêts énormes du marché chinois (un milliard de consommateur) tout revient rapidement à la normal. Par ailleurs, la Chine se rapproche de ceux qui pouvaient apparaître comme des ennemis irréductibles, le Japon et les États-Unis. Cela s’explique notamment par les tensions croissantes avec l’URSS dans les années 1980.
2. Une modernisation qui ne s’accompagne d’une démocratisation
Si la Chine tend à rééquilibrer sa politique extérieure avec l’ouverture au Tiers Monde et l’URSS, le massacre de la place Tian an Men en 1989 lance un froid sur les relations sino-occidentales. La politique de modernisation exclut la démocratisation. La démaoïsation est très lente, tout comme l’élimination des opposants politiques comme Hua Guofeng. Les fidèles sont placés aux hautes responsabilité comme Zhao Ziyang nommé Premier Ministre en 1980. En réalité, les autre réformes politiques sont inexistantes. Wei Jingshen, réclamant la 5ème modernisation, la démocratisation, est condamné à 15 ans de prison. De plus, les écrivains contestataires sont rappelés à l’ordre après le printemps de Pékin en 1979 avec deux campagnes contre la pollution spirituelle (1983) puis contre la littérature polluante (1985).
3. Cela conduit à la montée des oppositions
La « vieille garde chinoise » ne veut pas entendre parler de démocratisation. En conséquence, cela suscite le mécontentement de la population, en particuliers des intellectuels comme Fang Lizhi et des étudiants. Des manifestations sont organisées à Shanghai et Pékin en décembre 1986 et à Tian An Men en 1989. La venue de Gorbatchev à Pékin en juin 1989 cause d’importantes manifestations. Li Peng et Deng Xiaoping sont pour une répression alors que Zhao Ziyang préconise le dialogue. C’est finalement une répression sanglante qui a lieu dans la nuit du 3 au 4 juin 1989 faisant de nombreuses victimes dont le nombre reste encore à déterminer.
C’es tout pour le dernier article consacré à l’histoire de la Chine de 1919 au début des années 1990 ! N’hésite pas à consulter nos autres articles dans la rubrique dédiée aux prépas littéraires de Major-Prépa juste ici !