Voici une fiche sur le Japon de 1945 au début des années 1990 pour nourrir tes écrits et/ou tes oraux. Le Japon prend son indépendance vis-à-vis de la puissance américaine, puissance occupante après-guerre, grâce à un miracle économique. Épate ton correcteur grâce à ces exemples facilement restituables dans de nombreux sujets !
I – L’occupation américaine de 1945 à 1952 donne lieu à une véritable révolution libérale dans un Japon traditionaliste
1) L’occupation du Japon en septembre 1945 : une occupation rude qui laisse le pays défait aux mains de l’état-major américain
La défaite nipponne est un choc moral historique et une honte nationale. Le 2 septembre 1945, le général MacArthur signe à bord du Missouri la reddition nippone à Tokyo. Originalité historique, le Japon est occupé uniquement par les Américains en 1945. Le « Commandement suprême des forces alliées » (SCAP) est institué en septembre 1945. Malgré son nom, il reste un organisme militaire américain, sous l’autorité de MacArthur, jusqu’à sa défaite en Corée en 1951.
L’occupant américain prend alors immédiatement garde de prévenir toute résurgence militariste au Japon. Dès le bombardement atomique d’août 1945, Washington prépare des directives pour que « le Japon ne redevienne jamais une menace pour les États-Unis et pour la paix dans le monde ». Le Japon connaît alors une démilitarisation intense. Ainsi, les troupes sont démobilisées, les zaibatsu dissous (Mitsui, Mitsubishi…) et un tribunal interallié de guerre est instauré. Ce dernier se livre à une grande épuration dans la fonction publique. L’article 9 de la Constitution de 1946 interdit au Japon tout droit à la guerre et à avoir une force armée.
2) Les Américains s’attellent alors à rompre toutes les structures traditionnelles du pays pour l’adapter au modèle démocratique occidental
Les décrets du SCAP mettent à bas toute la tradition impériale japonaise dès 1945. La noblesse et le statut divin de l’Empereur sont abolis. Le Shinto n’est plus une religion d’État. La femme accède à l’émancipation, alors que le droit d’aînesse est aboli. Dans le même temps, ils installent un régime parlementaire bicaméral inspiré du modèle britannique. L’Empereur, le Tenno, est dessaisi de ses pouvoirs politiques et doit se contenter du rôle de souverain constitutionnel. Le Cabinet est composé de ministres nommés par le Premier ministre, élu par la diète (Parlement) devant laquelle il est responsable.
Le pays connaît alors un regain d’activité politique aux élections de 1946. Bien que ce modèle parlementaire ne soit pas une totale découverte pour le Japon, ses nouvelles dispositions, comme le suffrage universel, en font une véritable rupture avec la Constitution de l’ère Meiji de 1889. En abolissant les lois répressives du régime dès son instauration en septembre 1945, le SCAP libère de nombreux prisonniers politiques qui viennent profondément renouveler le personnel politique.
3) La guerre froide se dessine en Asie à la fin des années 1940 et assouplit les conditions d’occupation
Alors que Mao triomphe en Chine, un renouveau communiste se fait sentir dans les syndicats japonais. Interdit à l’accession au trône de Hiro-Hito (1926), le parti communiste Kyosanto et la Fédération japonaise du travail Sodomei se reforment en 1945. Le mouvement est surtout syndical-communiste : le nombre de syndicats locaux est multiplié par 70 en trois ans. L’agitation sociale qui en ressort inquiète l’occupant en raison du contexte extérieur, et le SCAP la réprime dès 1946.
Toutefois, le Japon se réoriente rapidement vers le conservatisme politique habituel. Malgré une éphémère poussée à gauche du parti socialiste en avril 1947, le vieux parti libéral Seiyukai et le vieux parti conservateur Minseito continuent d’arriver en tête des élections. Ils se partagent le pouvoir : le libéral Yoshida reste ainsi Premier ministre de 1948 à 1954. Avec les mouvements sociaux réprimés émerge même un socialisme qui se réclame du marxisme non communiste, le Sohyo. C’est une époque où l’épuration du SCAP et les mesures contre les anciens militaires prennent fin. On assiste alors au retour des anciens membres du Cabinet de Tojo, autrefois condamnés comme criminels de guerre.
Le Japon retrouve sa souveraineté à la dissolution du SCAP en 1952, non sans inquiétude quant à sa future intégrité. Dans un contexte de formation des blocs, c’est l’impossibilité du Japon de se défendre qui pose problème. Les Américains l’encouragent alors à consolider sa « force policière ». Aussi, à l’occasion du traité de San Francisco où le Japon retrouve sa souveraineté politique, les US signent un pacte militaire garantissant le maintien de leurs bases sur l’archipel. Mais c’est surtout sur le redressement économique du pays, forme à part de containment, que les Américains parient.
II – Le Japon devient un miracle de prospérité des Trente Glorieuses, où le politique est subordonné à l’économique
1) Le SCAP impose une nouvelle législation qui permet à l’économie japonaise de se redresser spectaculairement sur la période d’occupation
Le SCAP impose une vague de réformes économiques, qui cherchent à l’origine à le museler. Les réformes modifient les structures traditionnelles du Japon sur le plan agricole et industriel pour limiter sa restauration économique, et donc la résurgence de l’impérialisme. La réforme agraire de 1946 morcelle l’agriculture en faveur de la micropropriété. Dans la même veine, une commission de liquidation mène une politique de décartellisation des zaibatsu de 1946 à 1948, faisant ainsi sauter la structure industrielle d’avant-guerre qui reposait sur l’oligarchie familiale.
Mais pour des raisons financières et politiques, l’occupant américain cherche rapidement à rendre le Japon autonome. L’aide alimentaire est coûteuse et la poussée communiste en Chine provoque un renversement de la politique américaine en 1948. Alors que la décartellisation prend fin et que la législation antitrust est révisée, une commission d’experts du SCAP propose le Plan Dodge d’assainissement financier au gouvernement japonais en 1949.
Aussi, dès la guerre de Corée en 1950, le Japon a pratiquement retrouvé son niveau économique d’avant-guerre, alors que bilan matériel était très lourd en 1945 : les villes et infrastructures étaient détruites à plus de 70 %, l’industrie avait sombré et l’agriculture était insuffisante pour nourrir la population. Avec le soutien américain, le pays se remet au travail et profite à ce titre de l’augmentation de la demande avec la Guerre en Corée.
2) Le Japon connaît alors de 1950 à 1970 une période de croissance et de prospérité qui le distingue à l’international comme un « miraculé » économique
En 1968, le Japon se hisse au rang de « Troisième Grand ». En effet, le pays connaît, de 1950 à 1970, un taux de croissance de l’ordre de 10 %, que lui permet une industrialisation intense. Le Japon adopte le modèle de l’industrialisation par promotion de l’exportation. Ainsi, pour se procurer des ressources et les matières premières, il exporte du matériel de haute technologie. Car le Japon se modernise dans le même temps : il développe son industrie de pointe, s’urbanise et rebâtit ses infrastructures (TGV du Tokaido).
Cet essor s’explique en partie par le modèle original du « dualisme », entre modernité et tradition. Un facteur de la croissance est l’état d’esprit particulier de sa population active, orientée vers le paternalisme entrepreneurial. 93 % des entreprises sont encore des PME traditionnelles à l’équipement dépassé en 1970. À côté de ce Japon ancestral qui assure 50 % du PIB, un Japon « moderne » se distingue, celui des NPI. Les nouveaux zaikai (groupes financiers de l’après-guerre ayant remplacé les zaibatsu) atteignent rapidement un haut niveau de productivité via un investissement audacieux et un grand progrès technique.
Le Japon impose alors sa « diplomatie économique » dans la guerre froide. Sa politique extérieure est conditionnée par sa dépendance militaire aux Américains. S’il normalise ses relations avec l’URSS dès 1956, le Japon maintient en revanche une « séparation de l’économie et du politique » avec la Chine. Il s’agit d’un vaste marché commercial, dont il devient le principal partenaire en 1966. Mais c’est aussi un rival politique ancien avec lequel il ne rétablit les relations que lors du rapprochement sino-américain du début des années 1970. L’impérialisme japonais d’avant-guerre devient de fait un impérialisme économique, traduit dans le projet de « sphère Asie-Pacifique ». Il s’agit d’une grande campagne d’aide au développement des pays du Sud-Est et de la côte Pacifique.
3) Cet essor économique cache pour le moment les écueils politiques du Japon d’après-guerre
La société japonaise semble seulement préoccupée par le développement économique. L’industrialisation et l’urbanisation accélérées entraînent une érosion des valeurs anciennes, au niveau religieux, familial et culturel. Le Japon connaît aussi son « Mai 68 ». De grandes manifestations étudiantes et syndicales à Tokyo s’opposent au modèle consumériste occidental.
La prospérité économique des années 1960-1970 assure dans l’ensemble un calme et un conservatisme politiques. Le Parti démocrate libéral (PLD), émanation des milieux d’affaires et de l’ancien parti conservateur, domine ainsi (à 60 %) toutes les élections. L’opposition de gauche, affaiblie par une querelle doctrinale en 1960, reste victime de la guerre froide. Pour autant, l’ultranationalisme semble encore avoir quelques adeptes. La défense nationale fait encore débat, même dans un Japon gagné au pacifisme. Tacitement reconduit en 1960 et en 1970, le traité militaire nippo-américain provoque une réaction nationaliste très forte. En 1960, le chef du parti socialiste, Asanuma, opposé au traité, est assassiné devant les caméras par un fanatique. De plus, en 1970, l’écrivain Mishima se fait hara-kiri.
III – Les contestations de la puissance économique nippone font ressurgir les problèmes politiques dans les années 1980-1990
1) Le choc pétrolier de 1973 met pour la première fois le pays face aux limites de sa puissance économique
L’archipel a toujours été dépendant du point de vue énergétique : le pays doit en importer 83 %. Les restrictions des approvisionnements et la hausse des prix pétroliers consécutive à la guerre du Kippour détériorent la balance commerciale du pays. En conséquence, le gouvernement met en place un plan d’urgence en limitant la circulation automobile et les illuminations urbaines en décembre 1973. Le Japon fait face à la récession et à l’inflation. Alors que la réévaluation du yen était venue au secours du dollar lors du « coup monétaire de Nixon » en 1971, le Japon dévalue, provoquant une chute des exportations. Comme l’industrie est grande consommatrice d’énergie, le choc pétrolier provoque une vague de faillites, surtout chez les PME. De ce fait, le chômage apparaît et l’inflation dépasse 20 %.
C’est par l’expansion et l’innovation que le Japon se redresse. Il mise sur une modernisation complète de son processus productif. Le pays développe d’autres sources d’énergie, abandonne l’industrie lourde au profit de l’industrie de biens et d’équipements, investit massivement dans la recherche. Le rétablissement de ses exportations en 1976, lui permet de s’orienter vers une politique de facilité de crédit, faisant du Japon un acteur majeur des places financières internationales des années 1980. Ce nouvel âge d’or est plus modéré, avec un taux de croissance de 5 %, mais achève le développement économique et social du pays.
2) Ce redressement économique laborieux dans les années 1970-1980 provoque un premier durcissement politique
La qualité des produits destinés à l’exportation et leur bas coût de revient assurent une place compétitive aux produits nippons, si bien que les Occidentaux en viennent à accuser la concurrence déloyale du Japon. Les mesures protectionnistes sont cependant insuffisantes pour parer la vague exportatrice nippone. Ces flux de produits et de capitaux provoquent une « nippophobie » à l’Ouest. L’ère Reagan empêche que le Japon soit totalement abandonné par les puissances occidentales, qui pratiquent alors une politique ambiguë visant à limiter les exportations japonaises, sans pour autant assommer le Japon. Le Japon joue un jeu tout aussi ambigu, il reste proche des Américains, mais reste en bons termes avec l’URSS et la Chine. Par exemple, un traité de paix et d’amitié est signé en 1978. De plus, il continue de soutenir l’ASEAN en 1975, tout en normalisant ses relations avec le Vietnam dès la chute de Saigon.
La restructuration économique entraîne surtout un renforcement des tendances conservatrices. Les symboles du Japon d’avant-guerre réapparaissent (drapeau, hymne, Shinto), alors que les manuels empruntent un discours ultranationaliste. Devenue une vaste classe moyenne, la société accepte le renforcement du paternalisme dans l’entreprise et le clientélisme politique. Au pouvoir depuis 1948, le PLD se maintient jusqu’en 1993, alors que la corruption et l’influence des yakuzas grandissent.
3) La récession plus profonde dans les années 1990 laisse alors entrevoir une résurgence nationaliste plus sérieuse
La surchauffe de l’économie nippone éclate en 1990. La surévaluation des valeurs boursières et des actifs immobiliers fait place à une chute des prix et des cours. La chute des valeurs immobilières, en ruinant les ménages, réduit la consommation. Le système bancaire nippon s’effondre, le PIB chute à 0,5 %.
La forte densité de population avait poussé la diète à voter une loi eugénique en 1948. En 1990, cela donne au Japon une population vieillie, qui empêche toute relance budgétaire par l’État, pauvre de cotisations retraite, alors que les jeunes générations refusent le paternalisme entrepreneurial de leurs aînés.
La crise structurelle qui se prolonge donne naissance à une crise politique, où l’ultranationalisme menace. Incapable de régler la spirale déflationniste, le PLD est temporairement affaibli en 1993. Shinzo Abe lui donnera une teinte très nationaliste. Il faut poser la question de la réalité de la disparition de l’ultranationalisme militaire des années 1930. Ce que démontre le cas japonais sur 50 ans, c’est l’échec d’une relance économique temporaire pour éradiquer les autoritarismes, sans changer profondément les mentalités.
C’est tout pour cette fiche, qui nous l’espérons, t’aidera dans tes révisions ! N’oublie pas lors de tes oraux de privilégier la clarté et la concision afin d’énoncer un propos pertinent et de respecter le temps qui t’est imparti ! Si tu souhaites compléter tes révisions, rendez-vous dans notre rubrique dédiée aux prépas littéraires pour consulter davantage d’articles de méthodo, de témoignages et d’articles sur des notions incontournables !