La religion au Moyen-Orient organise, en partie, le territoire et les relations internes et externes des pays. Souvent associée à l’origine des conflits locaux ou régionaux, la religion est perçue quasi automatiquement comme un frein au développement. Toutefois, la révolution de la tech et la modernisation des pays du Golfe ouvrent la voie à un nouveau type de développement s’accordant avec l’influence religieuse.

 

Le Moyen-Orient : terre sainte ou maudite ?

La religion est souvent le premier spectre des lectures géopolitiques de la zone étant donné qu’elle est le berceau des trois grandes religions monothéistes : le christianisme, le judaïsme et l’islam. Les origines des conflits sont souvent expliquées par la religion, puisque celle-ci est rattachée à un territoire, souvent stratégique et convoité en plus de sa connotation sacrée, par exemple la ville de Jérusalem.

Le développement reste le principal défi des pays du Moyen-Orient. François Perroux le définit comme « la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit global réel ». Entre l’islam radical et les conflits au sein des branches religieuses, le développement n’est pas propice au territoire. Toutefois, certaines règles religieuses de l’islam, par exemple, amènent les leaders à repenser des systèmes, offrant alors des nouvelles voies de développement.

 

La région possède intrinsèquement des freins à ce développement

  • Dépendance à la rente d’hydrocarbures.
  • Climat aride : manque d’eau et besoin d’apports alimentaires.
  • Inégalités sociales et de genre.

 

Effectivement, la richesse des sous-sols condamne les pays à une dépendance à la rente par l’unicité de leurs revenus. Dès lors, la religion devient un prétexte d’accaparement des richesses comme pour la première guerre du Golfe (1990-1991). Les problèmes de sécheresse ne permettent pas aux populations de cultiver la terre ni même d’avoir un apport en eau régulier, les rendant aussi dépendantes des puissances extérieures ou les poussant aux conflits (guerre des Six Jours en 1967). Enfin, les inégalités entre les hommes et les femmes, mais aussi entre les musulmans et les non-musulmans, imposées par la religion, sont un frein au développement.

Pourtant, la région moyenne-orientale possède de nombreuses potentialités de développement. En premier lieu, l’ouverture au tourisme et aux industries alternatives (chimiques…) diversifie la rente de certains pays comme le Qatar. Ensuite, les leaders sont aussi impliqués dans la finance et l’adaptent à la religion, leur permettant revenus et originalité.

Dernier point, mais pas des moindres, les pays du Golfe possèdent tous leurs projets futuristes (ville de Neom) et leurs plans (vision 2030 pour l’Arabie saoudite) pour adapter et diversifier leur économie aux nécessités de demain.

 

Vers une normalisation des relations ?

Basculement du centre de gravité

Historiquement, les conflits catalysant le développement dans la zone opposent la nouvelle puissance d’Israël et le reste de la péninsule arabique. La création de l’État d’Israël en 1947 est perçue comme une véritable attaque par le peuple palestinien. Et le soutien des pays arabes laisse perdurer les tensions et plusieurs guerres pendant le siècle dernier.

Tu peux retrouver plus d’informations sur la situation entre Israël et ses voisins juste ici.

Néanmoins, les Accords d’Abraham de 2020 et les discussions avec l’Arabie saoudite permettent une stabilisation des relations entre les pays arabes et Israël. Dès lors, on observe un basculement du centre de gravité de la fracture israélo-arabe vers la nouvelle fracture, qui se dessine entre l’Iran et l’Arabie saoudite, le passage d’une guerre froide arabe (Malcolm Kerr) à une guerre froide islamique (Nadine Méouchy). Ce basculement reflète aussi un changement d’affrontements religieux : au lieu d’assister à des disputes entre juifs et musulmans, on est plutôt face à des conflits au sein même de l’islam.

Tu peux retrouver une analyse et plus d’explications sur les relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran juste là.

 

L’implication du nouveau leader Xi favorise la baisse des conflits

Événement majeur du printemps 2023 : la fameuse rencontre entre Mohammed ben Salmane (MBS) et Ebrahim Raïssi sous la médiation de Xi.

Cette rencontre débouche sur la réouverture des ambassades et des discussions entre les deux puissances rivales, mais le délai de l’entente n’est sûrement que provisoire puisque l’Iran ne tient pas à respecter ses engagements (fin de l’influence au Liban et au Yémen avec ses proxys) sans intérêt pour son rayonnement régional.

 

Zoom : la finance islamique, une nouvelle voie de développement

Patrick Haenni nous dévoile l’originalité de la finance islamique dans L’Islam de marché : l’autre révolution conservatrice. Cette finance obéit aux lois de la charia et ouvre malgré tout le Moyen-Orient au libéralisme économique. Ici, religion et développement sont compatibles et on peut même dire productifs. Dans l’ombre de l’islam radical promu par Daesh, un autre islam est en train d’émerger : l’islam de marché.

Les leaders religieux et gouvernementaux s’adonnent à lier libéralisation économique et sociale avec les mœurs conservatrices et religieuses pour répondre aux besoins financiers, aux habitudes consuméristes et à l’ouverture aux sociétés occidentales. Ils utilisent la culture managériale, l’individualisme et le succès personnel, adaptent les interdits aux impératifs commerciaux et encadrent les organisations militantes ou les contestataires. Le meilleur exemple de cette réussite de la finance islamique reste la Coupe du Monde de football. Une ouverture sur le monde et un apport des revenus, tout en obéissant à la charia, le Qatar en fait une de ses plus grandes réussites.

Un autre exemple intéressant qui lie révolution et religion est l’intégration des cryptomonnaies dans la religion islamique. Aujourd’hui, l’utilisation des cryptomonnaies reste un sujet ambigu dans les sociétés moyennes-orientales. Beaucoup contestent l’utilisation de ces monnaies, qui se basent sur la spéculation et génèrent des intérêts monstrueux. En effet, la finance islamique tient à ne pas produire trop d’intérêts ni de bulles spéculatives, considérés comme « haram ».

En parallèle, les États-Unis ont créé un « Islamic Coin » 100 % halal respectant les contraintes religieuses et reversant 10 % des revenus aux charités musulmanes. Le débat est encore brûlant, car même avec une monnaie respectant la religion, elle n’est pas encore pure aux yeux de tous.

Je te joins un article (en anglais) sur les cryptomonnaies et l’islam.

 

Thèses d’auteur et croquis

Voici quelques thèses d’auteurs que tu peux citer concernant la religion et le développement au Moyen-Orient.

Tu peux premièrement t’appuyer sur Alexandre Adler lorsque celui-ci écrit dans son ouvrage Rendez-vous avec l’islam (2005) que « la guerre ne se déroule non pas entre l’islam et les puissances extérieures, mais entre l’islam lui-même ». Ici, l’auteur souligne le caractère belligène de la religion dans la zone qui la condamne à une instabilité.

Au contraire, Caroline Piquet dans Les Pays du Golfe de la perle à l’économie de la connaissance voit une recomposition de la puissance moyenne-orientale classique. Les pays du Golfe, principalement, ont entrepris une reconversion de la rente pétrolière dans l’économie de la connaissance avec un marché de l’emploi très dynamique et l’émergence de cadres qualifiés.

Pour finir, je te laisse regarder le croquis qui résume les problèmes de développement et les solutions au Moyen-Orient. Tu peux soit utiliser ce croquis dans une dissertation type ESSEC (en l’adaptant), soit l’améliorer et essayer de le cartographier pour une dissertation type HEC.

Croquis résume les problèmes de développement et les solutions au Moyen-Orient

 

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