Dans cet article, Pierre Grosser constate l’état actuel des relations internationales et part de plusieurs constats, en rappelant des théories géopolitiques essentielles. C’est un article très récent qu’il convient d’utiliser comme référence afin de montrer l’actualité des thèses et des concepts géopolitiques que tu connais déjà.

Une « guerre sans fin » ?

La menace terroriste, sous-estimée par Bush le 11 septembre, constitue tout de même un tournant historique dans une guerre mondiale contre le terrorisme, un coût estimé à 8 000 milliards de dollars. En effet, l’armée américaine s’est concentrée sur la contre-insurrection, au détriment de ce que, depuis 2016, le Pentagone nomme la « compétition entre grandes puissances ».

La question est donc de savoir si la « guerre sans fin » contre le terrorisme, qui est devenue une « guerre de vingt ans » (2001-2021 avec évacuation Afghanistan), est terminée. À en juger par ce qui se passe au Moyen-Orient et en Afrique, la question garde tout son sens.

Le triomphe de la diplomatie multivectorielle

Pierre Grosser part d’un constat : nous sommes dans un monde unipolaire, de par la puissance américaine dans un certain nombre de domaines – bipolaire, comme l’illustre la compétition Chine-États-Unis – mais aussi multipolaire, voire apolaire.

On peut se demander s’il existe encore aujourd’hui des pôles structurants comme dans le passé. Il y a en effet un brouillage de la diplomatie lié au dynamisme diplomatique des puissances moyennes, c’est le triomphe de la diplomatie multivectorielle.

Le jeu de bascule des grandes puissances

Il rappelle également la théorie de la transition hégémonique (1970, Graham Allison, très pratique à placer dans les copies…). Les décideurs, sachant la guerre probable, pourraient éviter de prendre des risques excessifs et passer le pouvoir en douceur. Ainsi, la Chine justifie la transition des Britanniques aux États-Unis comme cela, elle entend être moins intrusive que les États-Unis et souhaite une transition hégémonique pacifique.

Néanmoins, les États-Unis semblent souhaiter que la Chine s’épuise, comme l’URSS à la fin de la guerre froide. Or, ils tentent justement de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Par exemple, les stratégies dans l’Indopacifique se multiplient, comme le Canada, et la récente visite de Xi Jinping en Arabie saoudite montre son intention d’asseoir son autorité au Moyen-Orient. Cependant, en montrant sa détermination face à la Russie, l’Occident montre également sa détermination face à la Chine, notamment sur la question taïwanaise.

Une réorganisation devenue essentielle

La réforme du Conseil de Sécurité de l’ONU, dont on parle régulièrement, est un véritable serpent de mer. Il est difficile de rentrer un pays sans créer de nouvelles rivalités. Certains cercles proposent de donner plus de place aux pays du Sud. Même si le multilatéralisme a grandi pour gérer des enjeux techniques et pour faciliter la coopération, jamais nous n’avons imaginé que tous les enjeux modernes seraient autant liés entre eux.

Il n’est pas possible de s’occuper de la question environnementale sans se préoccuper des questions énergétiques, économiques, sociales ou sécuritaires. Il y a probablement des nouveaux concepts « hybrides » à inventer, comme le cas des opérations pour les structures de la paix, s’éloignant du « kit occidentaliste » pour mieux tenir compte des réalités locales.

Le soft power à l’ère d’un monde néo-impérial

Le soft power à l’ère d’un monde néo-impérial est tout ce qui avait été instauré à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Il apparaît désormais comme une arme pour le sharp power des puissances néo-impériales (technologies, propagande, etc.)

N’hésite pas à consulter toutes nos ressources de géopolitique.