L’Équateur est un pays situé à l’ouest de l’Amérique latine, entre la Colombie et le Pérou, peu évoqué dans la presse francophone habituellement. Il a récemment fait la une de l’actualité après à l’évasion d’un prisonnier, provoquant ainsi une vague de violence extrême dans le pays. Revenons sur les faits…
L’État et les journalistes pris pour cible en Équateur
Le 7 janvier 2024, un prisonnier, Adolfo Macias, plus simplement dit « Fito », chef du gang redouté des Choneros, s’est évadé de la prison de Guyaquil, située au sud-ouest du pays. Cette évasion a provoqué une vague de violence extrême, des mutineries et des prises d’otages.
L’état d’urgence déclaré dans le pays
Face à l’urgence, le Président équatorien n’a eu d’autre choix que de décréter l’état d’urgence dans le pays et d’ordonner à l’armée d’intervenir afin d’arrêter et de mettre hors état de nuire ces « bandes criminelles ». Ce sont en effet plus de 22 400 militaires qui ont été mobilisés pour des missions terrestres, aériennes et maritimes. Des opérations d’ampleur, où notamment des fouilles ont été organisées dans toutes les prisons du pays. De plus, en vertu de l’état d’urgence, un couvre-feu sur l’ensemble du territoire a été imposé aux habitants.
De nombreux otages, menacés par des hommes armés, appelaient l’aide de l’armée, tout en réclamant la retenue de celle-ci, ayant peur pour leur vie. Au moins deux otages ont été exécutés par ces hommes armés. Parmi eux, au moins 200 fonctionnaires ont été emprisonnés, dont des gardiens de prison. Ces rébellions auraient, selon un bulletin officiel, causé la mort d’environ 20 personnes.
Outre la crise dans les prisons, des studios d’une télévision publique ont également été pris pour cible à Guayaquil. De nombreuses personnes, dont des journalistes et un présentateur, ont été prises en otages en plein direct. On a par ailleurs appris le 17 janvier 2024 que le procureur chargé d’enquêter sur cette affaire avait été assassiné alors qu’il se trouvait dans son véhicule.
Les autorités soupçonnent certains évadés et chefs de gangs équatoriens de s’être réfugiés en Colombie. Cette dernière mettant également en place de son côté des moyens importants pour les retrouver et les mettre hors état de nuire.
Retour au calme
Après une semaine de tensions dans le pays, de nombreux otages ont pu être libérés. L’armée a réussi à réinstaurer le « calme » au sein des prisons et a ordonné aux détenus de chanter l’hymne national au pied du drapeau équatorien.
L’intervention militaire a par ailleurs eu lieu après la libération de tous les otages de chaque prison, afin de ne pas entraver leur sécurité, affirme un général de l’armée équatorienne. La réponse militaire fait suite à l’absence d’accord entre les bandes criminelles et les autorités.
Malgré ce retour à « la normalité », le Président équatorien, Daniel Noboa, maintient son pays en « état d’exception » jusqu’en mars 2024 minimum.
L’Équateur, pays en partie contrôlé par les narcotrafiquants
Les narcotrafiquants sont nombreux en Équateur et importent de la drogue en très grande quantité. Cette dernière venant essentiellement de la Colombie et du Pérou. L’insécurité dans le pays provient notamment de la violence au sein des bandes criminelles et entre les bandes rivales.
Le Président équatorien, élu en octobre dernier, avait promis de faire son maximum afin de ne pas transformer son pays en « narcocratie ». Il ne veut pas permettre aux narcotrafiquants de faire la loi et il veut lutter contre la corruption sous toutes ses formes.
Cependant, les prédécesseurs du nouveau Président ont régulièrement décrété l’état d’urgence pour répondre à des vagues de violence régulières. De plus, en août dernier, c’était la démocratie équatorienne qui a été frappée après le meurtre du candidat à la présidentielle, Fernando Villavicencio.
Enfin, le pays doit faire face à un taux d’assassinat record en 2023 : 42 pour 100 000 habitants.