Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous retrouver dans cet 3ème épisode de L’Accroche, la série de podcast de Major-Prépa qui décrypte des curiosités historiques ou géographiques pour te donner de supers accroches à intégrer dans tes copies d’ESH, d’HGG et de CG ! Pour continuer la série, je te propose un voyage au barrage éthiopien de la Renaissance, au cœur d’enjeux stratégiques mêlant les intérêts égyptiens, chinois, éthiopiens et soudanais…
Retrouve tous les épisodes de l’accroche dans cet article !
Le grand barrage de la Renaissance, une cible symbolique pour le Cyber_Horus Group
En juin 2020, l’agence nationale éthiopienne de la sécurité des systèmes d’information a déjoué une cyberattaque d’un groupe basé en Égypte, le Cyber_Horus Group. Cette attaque visait les systèmes informatiques du grand barrage de la Renaissance, projet pharaonique dont la construction a été lancée en 2011 par le gouvernement éthiopien, sur le Nil Bleu, à l’aide de capitaux chinois. Plus de dix ans de travaux et de controverses avec l’Égypte et le Soudan n’auront pas empêché le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed de proclamer la “naissance d’une ère nouvelle” pour l’Éthiopie en février 2022, lorsque le barrage a produit ses premiers mégawatts.
Si le Cyber_Horus Group n’a pas réussi à s’attaquer directement à l’intégrité des systèmes de contrôle du barrage, ils sont parvenus à afficher des messages pro-égyptiens et des menaces à l’encontre du barrage sur des sites officiels du gouvernement Éthiopien (autour notamment du #god_bless_egypt).
Des enjeux stratégiques majeurs autour du barrage
Tu te demandes peut-être pourquoi ce barrage est le sujet de tensions internationales au point que l’Éthiopie soupçonne l’Égypte d’être à l’origine d’une cyberattaque des systèmes de contrôle du barrage ?
Pour le comprendre, revenons en 1959 : un accord international signé avec l’appui du Royaume-Uni, qui est à l’époque une force colonisatrice dans la région, accorde à l’Égypte un droit de veto sur l’ensemble du Nil et lui garantit l’accès exclusif à 66% du débit du fleuve (22% pour le Soudan). Depuis, les pays en amont du fleuve ont obtenu leur indépendance et refusent de reconnaître les prérogatives égyptiennes sur le fleuve. En 2010, l’Éthiopie signe l’accord d’Entebbe avec les autres pays en amont du fleuve, sans l’Égypte ni le Soudan. Les accords de 1959 sont officiellement contestés : la construction du barrage de la grande Renaissance commencera l’année suivante, en 2011.
L’Égypte voit ainsi en ce barrage une menace stratégique, car il offre à l’Éthiopie un contrôle sur le débit du fleuve, artère vitale de tous les pays qu’il traverse. Il s’agit également d’une contestation du leadership égyptien dans la région, et au-delà, le début d’un potentiel remplacement de l’influence américaine dans le delta du Nil par une influence chinoise. Face au retrait américain dans la région, la Chine peut chercher à se placer comme arbitre des relations autour du Nil, et a déjà en grande partie financé le barrage de la Renaissance.
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L’Afrique, un continent confronté à de nouvelles cyber-menaces
Le Cyber_Horus Group, dont les liens avec le gouvernement égyptien sont incertains et complexes à prouver, s’est ainsi attaqué à un véritable symbole. En plus de présenter une menace stratégique pour les populations en aval du barrage, une telle attaque montre à quel point le continent africain est mal préparé pour lutter contre la cybercriminalité. Du sabotage d’infrastructures critiques à l’espionnage pur et simple comme la Chine est largement soupçonnée de le pratiquer au dépend de nombreux pays africains et de l’Union Africaine, l’Afrique est face à de nouvelles formes de cybercriminalité.
Cette anecdote peut t’être utile pour introduire ou développer de nombreuses dissertations sur l’Afrique, l’enjeu de l’eau et en particulier du Nil, la cybercriminalité, l’influence de la Chine, les tensions dans la région égyptienne… de nombreux sujets s’y prêtent ! Quant à nous, on se retrouve très bientôt dans le prochain épisode !
