Dans cet article, on reprend les évènements les plus marquants de l’actualité économique d’octobre et de novembre 2024.
Situation économique chinoise
À l’occasion du 75e anniversaire de la République populaire de Chine, Xi Jinping a affirmé « qu’aucun challenge ne peut arrêter les progrès de la Chine ». Pourtant, la Chine fait aujourd’hui face à une série de défis économiques, entraînant la mise en place d’un plan de relance de 150 milliards de dollars pour soutenir la croissance.
En effet, d’un point de vue interne, le ralentissement de l’économie chinoise est palpable, marqué par une crise du logement et un chômage persistant. La croissance a atteint 4,6 % au troisième trimestre 2024, indiquant une perte de vitesse de l’économie (notamment dans les exportations).
Sur le plan international, les tensions commerciales avec l’Union européenne s’intensifient. En réponse à la décision de l’UE de taxer les véhicules électriques chinois, la Chine a imposé des droits de douane sur les spiritueux européens, particulièrement le cognac français, dont elle est le principal pays importateur. Cette mesure menace directement une industrie vitale pour la France, avec des hausses de tarifs douaniers de plus de 30 % pour les marques phares comme Martell, Rémy Cointreau et Hennessy. À la suite de cela, la Commission européenne a exprimé ses préoccupations, en faisant un parallèle avec le vin australien, écarté du marché chinois pendant des années, malgré une décision favorable de l’OMC.
Les plans pour 2025
Le gouvernement français a dévoilé son projet de loi de finances pour 2025, dans un contexte de déficits persistants et de pressions croissantes des marchés financiers. L’objectif est clair : ramener le déficit public de 6,1 % à 5 % du PIB en 2025. Pour y parvenir, un effort de 60 milliards d’euros est nécessaire.
Tout d’abord, le gouvernement prévoit une réduction des dépenses publiques de 40 milliards d’euros :
- Le gel des crédits ministériels et une baisse des effectifs devraient économiser environ 20 milliards d’euros. La Cour des comptes préconise la suppression de 100 000 emplois dans les collectivités locales, ce qui pourrait rapporter 4,1 milliards supplémentaires.
- Une baisse significative des dépenses de santé, estimée à 13 milliards d’euros, est envisagée.
- La revalorisation des pensions de retraite prévue en janvier sera repoussée à juillet, générant trois milliards d’économies.
De même, le gouvernement a annoncé des hausses d’impôts de 20 milliards d’euros, répartis comme suit :
- Une contribution temporaire pour les 65 000 foyers les plus riches devrait rapporter entre deux et trois milliards d’euros par an.
- Le gouvernement introduira une surtaxe sur les superprofits des grandes entreprises, notamment dans l’énergie, pour un total de huit milliards d’euros.
- Une taxe sur les rachats d’actions et une hausse de la taxe sur les billets d’avion complètent ces mesures.
Mais, malgré ces ajustements, la dette publique de la France devrait augmenter, passant de 113 % à 115 % du PIB en 2025. La situation est d’autant plus critique que la France emprunte désormais à des taux d’intérêt supérieurs à ceux de pays comme l’Espagne et le Portugal. Les agences de notation, telles que Moody’s et Fitch, examineront bientôt la note de crédit de la France. Une éventuelle dégradation risquant d’alourdir encore la charge de la dette.
L’exploit SpaceX
Le 13 novembre, SpaceX a marqué l’histoire en récupérant pour la première fois le premier étage de sa méga-fusée Starship après un vol test, un exploit qui renforce son avance technologique dans le secteur spatial.
En effet, cette fusée est la plus puissante et imposante jamais construite (120 mètres de haut) et vise à transporter des astronautes sur la Lune d’ici 2025, et un jour sur Mars. Ce cinquième vol test a eu lieu après un bras de fer avec la FAA, qui hésitait à accorder une autorisation avant novembre (finalement obtenue par SpaceX).
Alphabet
Alphabet, la maison mère de Google, est menacée de démantèlement par le ministère de la Justice américain (DOJ) pour pratiques anticoncurrentielles. En effet, Google est accusé d’avoir signé des accords exclusifs avec Apple, pour un montant estimé à 20 milliards de dollars en 2023, garantissant sa position de moteur de recherche par défaut sur les appareils Apple.
De manière générale, aux États-Unis et en Europe, les régulateurs envisagent de démanteler les services publicitaires d’Alphabet pour rétablir une concurrence équitable. L’Union européenne a déjà infligé plus de huit milliards d’euros d’amendes pour des pratiques jugées anticoncurrentielles. Aux États-Unis, un juge californien a donné huit mois à Google pour trouver une alternative à son Play Store, accusé de monopole dans le téléchargement des applications Android. Toutefois, cela pourrait gravement affecter l’entreprise, dont plus de 70 % des revenus proviennent de la publicité.
Malgré ces batailles légales, Alphabet a récemment annoncé des résultats financiers spectaculaires. Le chiffre d’affaires a bondi de 15 %, pour atteindre 88,3 milliards de dollars, avec un bénéfice net en hausse de 37 %, à 26,3 milliards. Le succès est attribué en partie aux investissements massifs dans l’intelligence artificielle, notamment à travers le cloud, dont les revenus ont grimpé de 35 %.
Enfin, Alphabet a été frappée par une amende record par la Russie pour avoir refusé de rétablir les comptes YouTube de médias russes, tels que Zvezda et Channel One. L’amende, qui s’élève à « deux sextillions de roubles » (20 milliards de millions de milliards de dollars, soit 36 zéros), est impossible à payer sans violer les sanctions américaines interdisant les transactions avec la Russie.
Sanofi
Le groupe se trouve au cœur d’une controverse majeure concernant la vente de sa filiale Opella, connue pour produire le célèbre Doliprane. En effet, Sanofi souhaite vendre 50 % du capital d’Opella au fonds d’investissement américain CD&R, tout en conservant une participation minoritaire de 49 %. L’objectif de cette vente est de recentrer Sanofi sur des innovations pharmaceutiques plus rentables, malgré une marge de 25 % pour Opella.
Le projet de cession a provoqué des inquiétudes quant à la pérennité de la production en France et la sécurité des emplois. En réponse, les syndicats, notamment la CGT et la CFDT, ont appelé à une grève illimitée, mettant en avant le risque de délocalisation et de suppressions de postes. Face à la pression sociale et aux préoccupations gouvernementales, Bpifrance (la Banque publique d’investissement) a décidé d’entrer au capital d’Opella avec une participation symbolique de 1 %. L’État espère ainsi influencer les décisions et s’assurer que le Doliprane reste « Made in France ».
Les négociations demeurent tendues, avec des craintes persistantes sur l’approvisionnement en paracétamol, principalement importé d’Inde et de Chine. L’État français a imposé des conditions strictes à CD&R, incluant des investissements de 70 millions d’euros sur cinq ans et des amendes lourdes en cas de non-respect des engagements. Cette intervention a conduit à une suspension temporaire de la grève, mais le dossier Opella reste emblématique des tensions entre protectionnisme et ouverture aux investissements étrangers.
Le luxe aujourd’hui
Le secteur du luxe en France traverse une période de turbulences, marquée par une baisse des ventes et des ajustements stratégiques. LVMH, leader mondial, a annoncé un recul de ses ventes de 4 % au troisième trimestre 2024, avec des chutes notables dans ses divisions clés, telles que la mode, la maroquinerie (– 6 %) et les vins & spiritueux (– 8 %). Cette tendance se reflète dans les résultats de ses concurrents : Kering a perdu 43 % de sa valeur boursière cette année, tandis que L’Oréal a vu son action plonger de 18 %.
En effet, la Chine, autrefois moteur de la croissance du luxe, n’est plus en mesure de soutenir les performances des groupes. La politique de sobriété imposée par le gouvernement chinois et une crise immobilière qui affecte le pouvoir d’achat des consommateurs ont mis à mal les ventes dans cette région.
Toutefois, de rares groupes du luxe semblent mieux résister. Hermès, par exemple, continue de croître avec une augmentation de 14 % de ses ventes, se distinguant par une gestion prudente de son expansion en Chine. La marque privilégie des marchés plus diversifiés, dont l’Europe, où les ventes ont bondi de 18 %.