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Le commerce international est une thématique impossible à négliger du programme d’ESH de deuxième année. Dans cet article, on fait une liste de références triées par catégories sur ce thème. Il est important de noter que cette liste est non exhaustive et ne traitera pas que d’auteurs classiques.

Commerce international et inégalités

François Bourguignon, La Mondialisation de l’inégalité (2012)

La mondialisation (et donc en partie le commerce international) a contribué à la baisse des inégalités mondiales, mais à une hausse des inégalités nationales. Celle-ci, couplée à la gouvernance actionnariale, amène également à une hausse des écarts salariaux. En effet, pour chercher à optimiser le rendement du capital d’une entreprise, elle va exercer une pression sur les salaires des travailleurs les moins qualifiés.

L’auteur plaide pour la nécessité d’une concertation internationale en faveur de politiques redistributives, avec une coordination des pays pour lutter contre la baisse de la progressivité de l’impôt. Ainsi, d’après lui, « éviter la mondialisation de l’inégalité passe aujourd’hui par une mondialisation de la redistribution ». Toutefois, « redécouper un gâteau de façon plus égalitaire rétrécit le gâteau » : cette redistribution a donc un coût conséquent qui risque de porter atteinte à l’efficacité économique.

Christoph Lakner et Branko Milanovic, Global Income Distribution: From the Fall of the Berlin Wall to the Great Recession (2016)

Les deux auteurs ont effectué une analyse en pourcentages du gain de revenu réel pour chaque centile de la distribution mondiale du revenu, entre 1988 et 2008. Cette étude permet notamment d’analyser les effets que le développement du commerce international a eus sur l’emploi et les inégalités. Le constat est le suivant : 

  • Les cinq premiers centiles (surtout dans les PMA africains ou asiatiques) ont connu des gains très faibles.
  • Les gains étaient forts pour les personnes situées entre le 10e et le 70e décile (classe moyenne internationale).
  • Les gains étaient nuls pour celles situées entre le 70e et le 95e décile. Les individus concernés sont surtout issus des classes moyennes des pays développés. Ils sont alors considérés comme perdants de la mondialisation
  • C’est dans les 10 % les plus riches des pays développés que les gains ont été les plus importants.

 

Cette analyse a ainsi permis de donner lieu à la « courbe de l’éléphant ».

Commerce international et environnement

William Baumol et Wallace Oates, The Theory of Environmental Policy (1988)

Les normes environnementales mises en place dans les pays développés (taxation écologique, limitations d’émission carbone…) peuvent inciter les PED à faire du dumping écologique, soit un allègement des dispositions législatives protectrices de l’environnement pour augmenter leur compétitivité à l’international.

Cela a alors pour effet d’affecter directement la localisation des firmes des pays développés, qui auront plus intérêt économiquement à partir dans ces PED. On dit que ces derniers sont des « havres de pollution », qui créent une délocalisation énergivore.

Jean Fouré et Lionel Fontagné, Changement climatique et commerce (2017)

Lutter contre les échanges commerciaux internationaux n’est pas une solution pour lutter contre le changement climatique. En effet, d’après ces auteurs, une hausse des droits de douane pour stabiliser le commerce international serait peu efficace.

Celle-ci ne permettra qu’une baisse de 3,5 % des émissions en GES d’ici 2030, et elle sera surtout coûteuse avec des dépenses à hauteur de 1,8 point du PIB mondial

Commerce international et industrie

Robert Rowthorn et Ramana Ramswamy, Growth, Trade, and Deindustrialization (1997)

Le commerce international est facteur de beaucoup de destructions d’emplois. Une importation de biens manufacturés en provenance de pays émergents à hauteur de 1 % du PIB national entraînerait automatiquement une baisse de 0,8 % de l’emploi manufacturé dans ce même pays.

Pire, ce phénomène pourrait même s’étendre au secteur des services dans le futur. C’est la structure économique d’un pays entier qui est menacée. 

David Autor, David Dorn et Gordon Hanson, The China Shock (2016)

Cette référence est peut-être une des plus connues pour parler de la désindustrialisation liée au commerce international. À travers une étude menée entre 1999 et 2010, les auteurs ont montré que 25 % des destructions brutes d’emplois dans l’industrie américaine sont expliquées par la concurrence chinoise.

En produisant des biens manufacturés spécialement conçus pour l’export grâce à son coût de travail particulièrement avantageux, le pays s’est réinventé en « atelier du monde » dans les années 2000. Toutefois, les importations de produits chinois et les délocalisations vers ce pays ont mis en danger les industries de beaucoup de pays développés. Les débats sur les relations économiques sino-européennes sont également nombreux.

Jeffrey Sachs et Andrew Warner, Natural Resource Abundance and Economic Growth (1995)

Ces auteurs ont évalué l’impact que pouvait avoir l’ouverture économique entre 1970 et 1989. 

  • Peu de pays étaient ouverts sur toute cette période, sauf Hong Kong, l’île Maurice et Chypre. Au contraire, certains pays comme l’Algérie, l’Angola ou le Chili étaient restés fermés sur toute cette période.
  • Les pays ouverts au commerce international ont profité d’un taux de croissance 2,5 % supérieur à ceux qui étaient fermés. Cet écart est encore plus important dans les PED, puisque ceux qui étaient restés ouverts avaient connu une croissance de 4,5 %/an, contre 0,7 % pour ceux fermés.

Commerce international et fiscalité

John Dunning, The Eclectic Paradigm of International Production (1988)

Cet auteur a théorisé le OLI (Ownership advantage, Localization advantage, Internalization advantage), soit l’ensemble des raisons pour lesquelles une firme a intérêt à réaliser un IDE. Dans cette partie, on ne s’intéressera pas à sa thèse entière, mais surtout au « L » de OLI.

En effet, celui-ci implique qu’une entreprise a intérêt à investir à l’étranger si le pays dans lequel elle compte le faire a une fiscalité avantageuse. Ainsi, en suivant cette logique, un État a intérêt à baisser son taux d’imposition afin d’attirer des entreprises sur son territoire. 

Commerce international et Union européenne

Anna Creti et Patrice Geoffron, Vers des échanges d’énergie « entre amis » ? (2023)

La guerre en Ukraine a amené à une réorganisation du marché de l’énergie (gaz, pétrole). Celle-ci a notamment créé une distinction entre un « marché russe » et un « marché non russe ». Les auteurs mettent alors en avant l’émergence d’un phénomène de friendshoring que l’Union européenne a tout intérêt à suivre.

Ce terme, théorisé en 2022 par Janet Yellen (secrétaire au Trésor américain), consiste en des relations commerciales entre des partenaires de confiance. Suivre ce mode de fonctionnement permettrait de baisser les risques au sein de l’économie européenne tout en lui permettant de rester ouverte. 

Thomas Grjebine et Jérôme Héricourt, Les Dilemmes d’une réindustrialisation (verte) en économie ouverte (2023)

L’industrie de l’Union européenne est en danger face à la compétition internationale. En effet, alors que les États-Unis ont prévu un plan de 39 milliards de dollars pour les microprocesseurs (Chips and Science Act, 2022) et que la Chine a son plan « Made in China 2025 » adopté en 2015 pour devenir une puissance commerciale mondiale pérenne, l’Union européenne peine à se réindustrialiser avec efficacité. Les auteurs soulignent alors la nécessité de développer des projets importants d’intérêt européen commun (PIIEC) pour accroître l’innovation dans des domaines industriels stratégiques.

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