Dès la fin de l’épreuve, Major-Prépa te propose une analyse des sujets d’ESH ! On commence avec l’analyse du sujet 1 d’ESH ECRICOME 2023, pour mettre en lumière les points-clefs, les mots en lien avec le sujet et les outils de compréhension nécessaires pour bien le traiter. La moitié du concours ECRICOME est enfin derrière toi !
Cette année, Major-Prépa t’accompagne tous les jours pendant les concours ! Retrouve le Live Inside Concours à 18h tout au long des concours ECRICOME.
Pour les sujets, c’est par ici.
Analyse sujet 1
Présentation du sujet
Le premier sujet sur lequel les candidats à Ecricome ont composé est : « Dans une large perspective historique, quel est le rôle des banques centrales dans les économies capitalistes ? ». Ce sujet peut être déstabilisant et marque le retour des « dans une (large) perspective historique », redouté des préparationnaires connaissant moyennement leur cours. Néanmoins, sur ce type de sujet, il est possible d’avoir une excellente note même en ayant oublié quelques précisions historiques, car il est en réalité très discriminant ! Une grande majorité des candidats ne sauront pas saisir les ruptures radicales dans le rôle des banques centrales; notamment le début précis des politiques de QE et la raison de leur apparition.
Définition des termes du sujet
Aucune difficulté dans la définition du rôle des banques centrales. Néanmoins, il aurait été intéressant d’aussi définir les leviers dont elles disposent pour agir concrètement sur l’économie : traditionnellement, les taux d’intérêt et, plus récemment, le rachat — officiel ou officieux — de titres du trésor. Aussi, les stocks de devises ou de métaux précieux que constituent les banques centrales ont joué un rôle et doivent être compris comme un troisième outil de la banque centrale.
Analyse du sujet
La difficulté centrale est de définir deux ou trois ruptures (potentiellement, dire en ouverture que l’on est en train d’en vivre une quatrième) précises dans l’histoire durant lesquelles le rôle des banques centrales a radicalement changé. Pour cela, la période la plus évidente est celle du milieu, la période contracyclique des trente glorieuses, où le rôle des banques centrales est le plus simple : elles arbitrent entre le chômage et l’inflation, pour soutenir la croissance et l’emploi tout en évitant les surchauffes. Une difficulté peut néanmoins arriver : on peut trouver quatre périodes si l’on rajoute une période « monétariste » entre la période contracyclique et la période de QE. Les correcteurs ont surement prévu cette difficulté, et je pense que, le choc monétariste ayant été court et uniquement étasunien (malgré ses répercussions globales), un axe entier dessus n’est pas attendu.
Pour ce qui est du rôle actuel des banques centrales, deux éléments cruciaux sont apparus récemment : dans les années 2000, il a été compris qu’elles ont aussi un rôle de stabilité financière, qu’elles ont négligé durant la période Greenspan (Président de la FED, 1987-2006). Les taux d’intérêt bas ont en effet contribué à l’instabilité financière; ainsi les copies qui ont cité le cycle financier d’Hélène Rey, les études empiriques sur le lien entre politique monétaire accomodante et instabilité financière, ou juste des grands économistes s’étant prononcés sur le sujet (voir cette vidéo d’Aglietta) peuvent s’attendre à des meilleures notes.
La difficulté du sujet réside donc bel et bien dans le fait de trouver quand cette période centrale contracyclique commencé (et donc quelle période la précède) et quand cette période se termine (et ce qui la suit). Pour ce faire, il nous incombe donc de mobiliser :
La date de création ou de nationalisation des banques centrales : 1913 pour la création de la FED, 1945 pour la nationalisation de la Banque de France.
La date de commencement du QE dans l’OCDE : 2008 pour les USA, 2001 au Japon, 2008 pour la BCE, avec une nouvelle vague en 2011-2012 en réponse à la crise des dettes souveraines.
Les enjeux autour du rôle des banques centrales au XIXe siècle : le maintien des monnaies comme étalon-or, soutenu par la Currency School, ou la réponse à la demande endogène de l’économie soutenue par la Banking School.
La forte volonté des banques centrales au XIXe siècle de maintenir la valeur de leurs monnaies, notamment la Banque d’Angleterre qui suit une politique extrêmement restrictive au sortir des guerres napoléoniennes (les effets profondément récessifs de cette politique ont été masqués pas la Révolution Industrielle).
L’utilisation implicite de la Règle de Taylor par la FED entre 1930 et 1979, ce qui démontre qu’elle arbitrait entre inflation et croissance.
La fameuses citation du « quoi qu’il en coûte » et ses implications.
Le modèle IS-LM pour expliquer que la politique monétaire devient, dans un cas de trappe à liquidité, inutile, et qu’elle doit donc être subordonnée à la politique budgétaire – et le « Let’s go fiscal » de Summers affirmant exactement cela. La « lower bound » de 0 % de taux d’intérêt comme un impératif de renouveler le rôle des BC durant les années 2010.
Le lancement du PEPP (Pandemic Emergency Purchasing Program) en 2020 et le fait que l’Eurosystème (BCE + BC nationales Européennes) ait absorbé 72 % des dettes émises durant la période covid.
Le mécanisme précis de comment le quantitative easing permet de réduire les taux d’intérêt sur la dette à long terme.
La quantité de dettes souveraines actuellement détenues par les banques centrales actuellement.
Plan possible
I – Si les banques centrales, au XIXe siècle et au début du XXe siècle, se sont limitées au maintien de la valeur de la monnaie (à la fois la valeur domestique, et par rapport aux autres monnaies) dans le cadre de monnaies étalon-or…
II – … elles ont assumé un rôle « contracyclique » sur la période 1930-1970, elles suivent la règle de Taylor et arbitrent entre inflation et croissance/chômage.
III – Deux ruptures ont néanmoins causé une adaptation des BC dans l’histoire moderne : la crise pétrolière (qui a débouché sur le choc monétariste, puis sur la « grande modération »), la crise de 2008 et la crise des dettes souveraines, puis la croissance atone à taux zéro de la décennie 2010.
La conclusion, sur ce sujet, est selon moi d’une grande importance, car elle représente l’opportunité de démontrer que tu t’intéresses à l’actualité économique et que les enjeux brûlants autour de l’inflation et de la solvabilité des dettes des Etats ne te sont pas étrangers. C’est aussi l’occasion de tirer des leçons précises de ton plan historique : le rôle des banques centrales est de supporter la valeur de la monnaie d’une économie, la solvabilité de la dette de son Etat, la croissance, tout en réduisant le plus possible l’inflation et le risque financier.
Pour plus de matières, de sujets, d’analyses et de conseils, retrouve notre page Inside concours ECRICOME 2023 !