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Dans cet article, nous analysons une copie d’économie ENS Saclay ayant obtenu la note de 17/20 au concours B/L. Le sujet était : « Comment corriger efficacement les inégalités ? » Un sujet assez classique dans le programme de B/L.

Tu peux retrouver la copie intégrale en cliquant ici avant de consulter l’analyse que nous en proposons.

Introduction

Accroche

L’accroche fait appel au rapport Blanchard Tirole portant sur les aspects économiques du réchauffement climatique, de la lutte contre les inégalités et des retraites en France. Ce rapport, paru en 2021, s’inscrit notamment dans un travail sur la lutte contre les inégalités.

En effet, pour l’accroche, il ne faut pas hésiter à mentionner des travaux de recherche en économie relativement récents pour montrer au jury un certain intérêt pour l’actualité économique.

Définition des termes et analyse du sujet

On peut d’abord commencer par définir le terme inégalités. Les inégalités peuvent être définies comme une distribution inégale au sens mathématique des ressources d’une société donnée entre les membres de celle-ci pouvant générer un sentiment légitime ou non d’injustice. Il est ensuite important d’analyser les différentes dimensions prises par les inégalités : revenus, socioprofessionnelles, genrées, générationnelles…

Le sujet propose alors de s’interroger sur la manière de les « corriger efficacement ». Lutter contre ces inégalités suppose alors d’étudier quels acteurs peuvent intervenir et quels moyens peuvent être utilisés dans cette visée : l’État, les ménages, les entreprises ? On peut alors distinguer deux sortes d’interventions souvent utilisées dans la réflexion économique : ex-post et ex-ante.L’État intervient par exemple ex-post pour agir sur la distribution des ressources par sa fonction de redistribution. Mais investir dans le capital humain et penser une politique fiscale plus efficace sont en fait des choix d’intervention ex-ante.

Enfin, l’adverbe efficacement reste également très important dans le raisonnement. En effet, lutter efficacement contre les inégalités implique de ne pas créer de distorsions économiques ou de coûts trop importants, par exemple, et de mener des mesures effectives.

Problématique

La problématique est la suivante : « Quels moyens et quels acteurs doivent être mis en place et intervenir pour proposer une lutte efficace et effective contre les inégalités existantes ? »

I – Si le marché ne semble pas permettre de lutter efficacement contre les inégalités, l’État peut intervenir en son sein ou ex-post pour les corriger

A) Le marché ne permet pas de corriger efficacement les inégalités

Il s’agit d’abord de démontrer que le marché est défaillant et n’est pas à même d’intervenir dans la lutte contre les inégalités.

Une référence utile est ici la réflexion de Hayek dans La Route de la servitude. Il démontre en effet que le marché est une instance morale, qui n’a pas pour but de garantir une lutte contre les inégalités, mais le bien-être collectif. En effet, l’optimum de Pareto ne garantit pas une répartition des ressources véritablement équitable, bien qu’efficace.

B) L’État peut intervenir pour mettre en place des politiques de redistribution

Face à cette inefficacité du marché à lutter contre les inégalités, on se penche ici sur le rôle que peut jouer l’État à travers les politiques de redistribution. On peut alors mentionner la loi psychologique fondamentale de Keynes, selon laquelle la consommation est une fonction décroissante du revenu courant. Les agents économiques plus défavorisés ont donc une propension marginale à consommer plus importante.

Ainsi, favoriser une politique de redistribution permettra de réduire l’endettement des ménages les plus pauvres par rapport à leur groupe de référence et les inégalités de revenus.

Le multiplicateur keynésien montre par ailleurs que les politiques de redistribution sont positives pour l’économie, en relançant la consommation, donc la demande effective, et donc l’emploi.

C) L’État peut intervenir sur le marché par l’introduction de taxes et de subventions

Il s’agit ici de réfléchir sur l’instauration d’un prix plancher par l’État pour lutter contre les défaillances de marché. L’État peut également intervenir en garantissant, pour tous les agents économiques, un service de base. Ce que ne permettrait pas le marché. On peut ici penser au système de santé, où laisser faire les assurances privées selon une logique de marché créerait un aléa moral et accroîtrait les inégalités sociales.

II – Cependant, cette intervention peut être source de distorsions économiques, amenant alors à penser une correction des inégalités par l’introduction d’une politique fiscale efficace

A) L’intervention de l’État peut être source de distorsions économiques et s’avérer inefficace

Il s’agit de montrer les défaillances que peut générer l’intervention de l’État sur le marché, comme mentionné précédemment. On peut évoquer les effets négatifs de la mise en place d’un prix plus bas que le prix d’équilibre, entraînant un rationnement par l’offre et une perte de bien-être pour la collectivité.

Cela peut être représenté par un graphique, ces derniers étant attendus dans une copie d’économie. Un autre exemple peut également être la théorie du job search de Stigler, remettant en cause l’efficacité des politiques passives de l’emploi.

B) Réflexion sur une politique fiscale effective pour les corriger

La lutte contre les inégalités implique, de fait, de se pencher sur la question des inégalités. Par exemple, en prenant les travaux de Thomas Piketty, où il met en avant la reprise croissante des inégalités de revenus, corrélée à une fiscalité plus faible.

Les travaux d’auteurs comme Thomas Piketty, Emmanuel Saez ou encore Camille Landais peuvent alors être mobilisés pour démontrer la nécessité d’une politique fiscale plus juste, visant à taxer plus fortement les hauts revenus.

C) En particulier dans un contexte où la mondialisation favorise les inégalités

On peut ici évoquer la mise en concurrence des systèmes de protection sociale des nations. Ce qui peut entraîner une aggravation des inégalités. Le théorème Stolper-Samuelson peut permettre d’illustrer qu’une ouverture mondiale accentue les inégalités.

III – Enfin, corriger les inégalités peut également se réaliser ex-ante par les investissements des ménages ou des entreprises dans certaines formations et l’introduction d’incitations par l’État

A) La correction des inégalités peut se faire ex-ante par l’investissement dans le capital humain

Dans cette partie, on se penche plus précisément sur les possibilités d’intervention ex-ante dans le capital humain. On peut tout d’abord parler de l’investissement dans le capital humain (Gary Becker) et/ou dans la formation afin de lutter contre les inégalités.

B) Dans un contexte où le progrès technique pourrait favoriser l’introduction d’inégalités nouvelles

C) Mais également par la mise en place d’incitations

La mise en place d’incitations peut alors permettre de lutter contre les inégalités de manière efficace. On peut ici citer l’argument posé par Friedmann dans Capitalisme et Liberté souhaitant la mise en place d’un « impôt négatif » pour favoriser des politiques d’activation de l’emploi, sans être source de distorsions sur le marché.

Dans un autre domaine, l’État peut également aussi inciter d’autres acteurs à participer notamment aux systèmes de protections sociales, avec l’introduction de la CSG et CRDS par exemple. Les incitations et la participation d’autres agents économiques permettent donc de lutter et de corriger les inégalités.

Conclusion

La conclusion a pour but de reprendre et de synthétiser les arguments énoncés précédemment en montrant que l’on a bien tenté d’apporter une réponse concrète à la question posée.

Tu peux retrouver d’autres copies pour te préparer au concours des ENS BL sur le site pedm ou sur la grange à copies.