globalisation

La globalisation financière est aujourd’hui une réalité indéniable. Elle permet une circulation accrue des capitaux à l’échelle internationale, facilitant ainsi l’investissement et le financement des entreprises comme des États. Cependant, différents acteurs semblent vouloir ralentir l’interdépendance des marchés de capitaux après plusieurs décennies de libéralisation financière, pourquoi ?

Caractéristiques de la globalisation financière

La globalisation financière est le processus de mise en communication des marchés nationaux de capitaux conduisant à un marché financier mondial en voie d’unification croissante.

Henri Bourguinat la résume à travers la « révolution des 3D » :

  • Décloisonnement : suppression des barrières à la circulation des capitaux, favorisant les échanges internationaux.
  • Déréglementation : assouplissement des contrôles, notamment des changes, pour fluidifier les transactions.
  • Désintermédiation : moins d’intermédiaires financiers, ce qui permet aux entreprises d’emprunter directement sur les marchés, rendant le financement plus flexible et liquide.

 

Cette ouverture financière facilite l’accès aux capitaux pour les entreprises et les États, mais elle s’accompagne aussi de risques accrus.

L’abondance de liquidités : opportunités et risques

Lorsque les liquidités abondent sur les marchés financiers, plusieurs effets apparaissent.

D’abord, une baisse des taux d’intérêt. Une plus grande offre de capitaux entraîne une diminution du coût du crédit, favorisant ainsi l’investissement et la croissance économique.

Ensuite, une augmentation du risque financier. Des taux bas incitent à la prise de risque excessive, pouvant engendrer des bulles spéculatives et le financement d’activités peu rentables.

Et, enfin, un endettement massif peut accompagner le tout. La facilité d’accès au crédit peut fragiliser l’économie en cas de retournement brutal des marchés.

Comme le souligne Susan Strange, la spéculation financière s’apparente parfois à une loterie mondiale, où les gains sont incertains et les pertes peuvent être considérables.

Les effets de la libre circulation des capitaux

Les effets positifs

Innovation et productivité : les pays riches peuvent investir librement à l’étranger, ce qui leur permet d’améliorer l’organisation des entreprises locales, de stimuler l’innovation et d’augmenter la productivité. Cette dynamique favorise aussi une hausse des salaires.

Réduction de l’extrême pauvreté : l’ouverture financière a contribué à réduire le nombre de personnes vivant avec moins de 1,90 dollar par jour, bien que cette amélioration soit contrebalancée par d’autres effets négatifs.

Les risques

Pression des marchés financiers : lorsque les investisseurs perdent confiance dans un pays, ils retirent leurs capitaux, ce qui entraîne une hausse des taux d’intérêt et rend la dette plus difficile à gérer. Une mauvaise gouvernance ou une chute de la valeur des actions peut donc aggraver les crises économiques.

Spéculation et instabilité : comme le notait Keynes, une libre circulation totale de l’argent favorise la spéculation, ce qui empêche les banques centrales d’exercer un contrôle efficace sur la politique monétaire. Cela peut entraîner des fuites massives de capitaux, forçant les États à relever les taux d’intérêt pour éviter une crise financière.

Inégalités croissantes : si la libéralisation financière a réduit la pauvreté extrême, elle a aussi contribué à l’augmentation des inégalités mondiales. On observe un ralentissement de la progression de l’indice de développement humain (IDH) et une aggravation des problèmes écologiques.

Délocalisations et pression sur les salaires : la facilité des mouvements de capitaux permet aux entreprises de relocaliser leur production dans des pays à bas coût. Cependant, ces délocalisations sont souvent surestimées dans la perte d’emplois industriels des pays développés, car elles représentent moins de 10 % des suppressions d’emplois.

Crises financières amplifiées : une forte mobilité des capitaux peut aggraver les crises financières. Lorsque les investisseurs retirent massivement leurs fonds, cela peut provoquer des faillites en chaîne et déstabiliser l’économie mondiale.

La question des paradis fiscaux

La mondialisation financière a favorisé l’émergence d’environ 30 banques systémiques dont la faillite pourrait déclencher une crise globale. En Europe, le Comité européen du risque systémique (CERS) a été mis en place pour surveiller ces risques.

L’ouverture financière favorise également l’évasion fiscale. Environ 40 % des profits des multinationales sont logés dans des paradis fiscaux, réduisant les recettes fiscales des États. Moins d’impôts, des sièges fictifs et le secret bancaire renforcent ces pratiques…

Pour limiter ces dérives, des mesures internationales ont été mises en place :

  • Les grandes entreprises (CA > 20 milliards € et rentabilité > 10 %) doivent réaffecter un quart de leurs profits aux pays où l’activité économique a réellement lieu.
  • Un taux minimum effectif d’imposition de 15 % sur les profits logés à l’étranger est instauré pour limiter l’optimisation fiscale agressive.