Les États-Unis sont l’un des rares pays d’Occident à retenir la peine de mort. Toutefois, la situation face à cette peine diffère selon les États et fait l’objet de nombreuses polémiques. Je te propose donc de revenir sur l’histoire de la peine de mort aux États-Unis afin d’en saisir les enjeux et les concepts essentiels.
La peine de mort aux États-Unis : une pratique ancrée dans l’histoire
La peine de mort aux États-Unis apparaît pour la première fois en Virginie en 1608. En 1791, le Deuxième amendement de la Constitution protège le droit de porter une arme en disposant qu’une « milice bien régulée est nécessaire à la sécurité de l’État ».
C’est de cette conception expéditive de la justice que procède la peine de mort. À cette conception, on doit ajouter les convictions religieuses de certains protestants et la lecture littérale de la Bible avec le symbole de la loi du Talion. Cela peut expliquer pourquoi les Américains ont peu remis en cause la peine de mort à cette époque.
La Pennsylvanie est le premier État à restreindre la peine de mort aux meurtres. Le Michigan l’interdit dans les années 1840. La courbe des exécutions ne cesse de baisser de 1935 aux années 1960. En parallèle, la courbe des homicides baisse jusqu’en 1950 et remonte brutalement en 1960. Face à cette reprise de la criminalité grave, les juges autorisent la Géorgie, le Texas et la Floride à réintroduire la peine capitale pour certains crimes au terme d’un double procès sur la culpabilité et sur la peine.
De nombreuses polémiques : erreurs judiciaires et acquittements posthumes
Comme argument lors de sa campagne pour l’abolition de la peine de mort en Virginie, le gouverneur démocrate Ralph Northam évoque régulièrement le cas d’Earl Washington. Cet homme en situation de handicap, condamné à mort en 1984, a échappé de justesse à l’exécution. Il est finalement acquitté en 2000.
Il a été condamné à la peine de mort en 1984 pour le viol et le meurtre de Rebecca Lynn Williams en 1982 à Culpeper, en Virginie. Washington a un QI estimé à 69, ce qui le classe comme handicapé intellectuel. Un an plus tard, il a été contraint d’avouer le crime lorsqu’il a été arrêté pour d’autres raisons. Il a échappé de peu à l’exécution en 1985 et 1994.
Les scandales liés à des exécutions ratées à répétition ont été nombreux en 2022. En effet, des prisonniers ont été mis à mort très lentement et dans une grande souffrance suite à des erreurs dans les méthodes d’exécution.
Une pratique toujours d’actualité
Avec 18 exécutions en 2022 menées par quelques États conservateurs, le recul de la peine de mort continue aux États-Unis. Toutefois, deux ans après la promesse de campagne de Joe Biden de l’abolir au niveau fédéral, le dossier est bloqué par une opinion publique toujours partagée et de nombreux obstacles légaux.
L’année 2023 a à peine commencé que le sinistre compteur de la peine de mort s’est ouvert aux États-Unis. Amber McLaughlin, 49 ans, condamnée en 2006 pour le meurtre de son ex-compagne, a été exécutée mardi 3 janvier au pénitencier de Bonne Terre, dans l’État du Missouri. L’Américaine est la première personne transgenre à être exécutée dans le pays.
La nouvelle, vécue comme un échec par les militants anti-peine de mort qui espéraient jusqu’au dernier moment la clémence du gouverneur de l’État, vient gâcher le bilan de l’année précédente.
Le 12 janvier en Oklahoma, Scott Eizember a été exécuté par injection létale après avoir commis un double meurtre.
Aux États-Unis, l’injection létale est la méthode utilisée dans tous les États appliquant la peine de mort. Depuis 1976, 1 210 exécutions ont eu lieu sous forme d’injection létale. Suivent l’électrocution (158), la chambre à gaz (11), la pendaison (3) et le peloton d’exécution (3). Seuls les États de l’Alabama, l’Arkansas, la Floride, le Kentucky, l’Oklahoma, la Caroline du Sud et le Tennessee pratiquent l’électrocution. Quatre États utilisent la chambre à gaz : l’Arizona, la Californie, le Missouri et le Wyoming. Si le New Hampshire et Washington ont recours à la pendaison, l’Oklahoma et l’Utah utilisent le peloton d’exécution. L’Oklahoma est le seul État pouvant recourir à trois méthodes différentes d’exécution.
Un lent recul de la peine de mort
Selon le rapport annuel du Centre d’information sur la peine de mort (DPIC), l’organisme de référence sur la question, 18 personnes ont été exécutées en 2022. C’est le nombre le plus bas depuis 1991 si on exclut les deux années de pandémie.
Ce lent recul s’explique aussi par les évolutions de l’opinion publique. En effet, selon un sondage de l’institut américain Gallup publié en novembre 2022, 55 % des Américains disent soutenir la peine de mort pour les personnes reconnues coupables de meurtre. Ce chiffre s’élevait à 60 % en 2016 et 70 % en 2003.
La Virginie est ainsi devenue le 23e État abolitionniste des États-Unis et le premier dans le sud du pays en 2021.