La prépa EC est touchée par une baisse des effectifs significative. Est-ce un phénomène temporaire qui va s’atténuer une fois les effets de la réforme du lycée passés ? La filière va-t-elle au contraire être durablement affectée ? Nous avons demandé aux responsables de meilleures CPGE 2023 comment ils envisagent l’avenir de la prépa. Leurs réponses dans cet article.

Comme tu le sais, la réforme du lycée a conduit les classes préparatoires économiques et commerciales à se réorganiser. À la rentrée 2021 sont nées les CPGE ECG, fusion des anciennes ECS et ECE. Cette même année, le nombre de vœux Parcoursup pour les ECG a nettement diminué en comparaison avec les candidatures pour les prépas ECS et ECG.

Si les effectifs sont remontés à la rentrée 2022, l’évocation d’une réforme de la réforme pourrait fragiliser un peu plus le modèle. Qu’en pensent les premier concernés ? Voici comment les responsables des meilleures prépas de France envisagent l’avenir de la filière.

Lire aussi : Le classement des meilleures prépas 2023

La prépa, une voie porteuse de réussite

« Les prépas enregistrent en moyenne à l’échelle nationale 15% d’élèves en moins du fait de la réforme et de ses conséquences sur le choix des mathématiques en terminale, obligatoires pour intégrer une prépa ECG. Certains bacheliers optent pour des études supérieures à l’étranger ou des bachelors en école de management, estimant échapper à deux années de  « sacrifice » en prépa. C’est sans voir que la prépa reste parmi les souvenirs les plus forts d’une scolarité. Par ailleurs, l’avenir des classes préparatoires dépend aussi des choix opérés par les grandes écoles qui recrutent au sein de ce vivier d’élèves.

Il me semble nécessaire d’encourager le dialogue et la concertation entre les classes préparatoires, les écoles et le ministère avant d’entériner des évolutions qui peuvent conduire à l’abandon de cette voie porteuse de réussite et qui fournit à ses élèves un solide socle de fondamentaux, des méthodes, de l’organisation, jusqu’à une véritable discipline de vie. »

Nathalie Lugagne, responsable des classes préparatoires du lycée Madeleine Daniélou, 1ère du classement Major-Prépa 2023 des meilleures ECG

Lire aussi : Les meilleures ECG et ECT dévoilent leurs méthodes pour réussir en prépa

Plus de monde en prépa !

« Notre lycée n’a aucune difficulté à recruter pour sa filière ECG, mais ce n’est pas le cas partout. Nous travaillons à l’échelle de la Région avec des prépas de Pau, Bayonne, Poitiers ou d’autres à Bordeaux pour encourager les élèves de terminale à postuler en prépa, à Montaigne ou ailleurs dans l’académie.

Nous voulons plus de monde en classe prépa et il faut pour cela expliquer les caractéristiques de cette filière, inviter les lycéens à se faire confiance, à écouter les conseils de leurs profs, à travailler sur leur projet d’orientation. Le sens du message que nous portons dans les établissements est le suivant : sautez le pas de la prépa, vous n’avez rien à perdre, ne vous autocensurez pas ! Un dossier scolaire qui peut vous sembler moyen sera intéressant à nos yeux s’il montre votre esprit de combativité, votre volonté, votre goût pour l’effort et le dépassement de soi. Des parcours d’étudiants qui ont intégré les ENS, Polytechnique ou d’autres grandes écoles après une prépa alors qu’ils ne connaissaient pas cette filière avant le bac, j’en ai en tête ! »

Hugues Kitten, proviseur adjoint, chargé des classes préparatoires au lycée Montaigne (Bordeaux), 28e meilleure prépa ECG du classement Major-Prépa 2023

Découvre aussi : Les simulateurs d’admissibilités Major-Prépa

Pas de voie unique pour intégrer les écoles de management

« On observe une désaffection pour la prépa. Notre-Dame-du-Grandchamp a la chance de ne pas en pâtir. Nous attirons des jeunes qui aspirent à s’engager dans ce parcours ambitieux et en comprennent la valeur ajoutée par rapport à d’autres formations. Même si nous sommes conscients qu’il n’existe pas de voie unique pour intégrer les écoles de management. Nous avons par exemple d’excellents BTS.

L’une des forces de Notre-Dame du Grandchamp est aussi sa capacité à accompagner les réorientations pour aider chaque étudiant de STMG à trouver la voie la plus épanouissante lui permettant d’intégrer une école de management. Ces profils qui maîtrisent la gestion, le management, le droit, réalisent une fois en école la richesse de leurs compétences en constatant qu’ils sont très sollicités sur les projets de groupes, notamment. »

Marie-Laure Huguet, responsable pédagogique des ECT au lycée Notre-Dame du Grandchamp (Versailles), 1er de notre classement 2023 des meilleures prépas ECT de France

Écoute aussi : L’épisode consacré à Lucien de Samosate issu de notre Podcast sur Le Monde (CG) 

Trop tôt pour connaître le destin des CPGE

« Notre prépa n’est pas impactée par la baisse des effectifs constatée à l’échelle nationale. Les candidatures nous parviennent en nombre suffisant pour que nous puissions sélectionner de très bons dossiers, 44 en ECG et 35 en ECT. Nos sommes en partenariat avec HEC, mais nous ne travaillons pas pour HEC, l’ESSEC ou ESCP. Si nos élèves obtiennent une école à l’issue du concours, nous les encourageons à intégrer et à ne pas cuber. À partir du moment où l’école décrochée figure dans le top 15, il faut considérer que la mission est remplie !

Mais, pour vous répondre plus globalement, les évolutions susceptibles d’intervenir pour la prépa ECG vont-elles transformer la filière ? Que va changer la répartition des horaires au destin des CPGE ? Quelles seront les conséquences pour les enseignants en mathématiques ou en philosophie ? Il est encore tôt pour le dire. »

Éric Biset, proviseur de la cité scolaire Michelet (Vanves), 4e du classement Major-Prépa 2023 des meilleures ECT

Lire aussi : Le Major 13 : notre magazine 100% consacrés aux écrits BCE et Ecricome 2023 !

Le rôle d’ascenseur social de la prépa

« Une de nos difficultés, en ECT, est de trouver des informations à transmettre à nos étudiants. J’ai l’impression que les écoles communiquent moins. Rapports de jurys et barres d’admissibilité sont notamment difficiles à trouver ou tardifs. D’autre part, l’éducation nationale annonce des réformes dont nous ne connaissons pour le moment pas les contours. Si la voie technologique venait à être fusionnée avec la voie générale, les prépas ECT disparaîtraient en tant que telles.

Les lycées comme le nôtre, ne proposant qu’une seule option d’EC échapperaient au pire, mais qu’adviendrait-il des établissements dans lesquels plusieurs voies co-existent ? La prépa ECT est un ascenseur social formidable qui fonctionne. Le Major HEC de cette année est un ECT ; l’un de nos étudiants qui a intégré l’ESSEC me faisait remarquer qu’ils étaient 12 ECT sur une promotion de 450… Si cette société veut favoriser la mixité et l’ouverture de sa classe dirigeante, alors il me semble que les CPGE ECT sont un outil précieux pour le faire. »

Anne Neymann, professeur coordinateur au lycée Chevrollier (Angers), 5e meilleure prépa ECT du classement Major-Prépa 2023