union européenne

Le 25 septembre 2022, la coalition de droite, menée par la leader d’extrême droite Giorgia Meloni, a gagné les élections législatives italiennes et semble donc sur le point de former le nouveau gouvernement. L’Italie est le premier membre fondateur de l’Union européenne (France-Allemagne-Italie-Benelux) où l’extrême droite a gagné les élections ces dernières années. Elle rejoint ainsi d’autres pays de l’Union européenne, comme la Pologne ou la Hongrie.

Or, l’extrême droite est souvent perçue comme une portion anti-européenne de l’échiquier politique. L’union est-elle donc remise en cause ?

En Italie, une extrême droite pas toujours anti-européenne ?

Bien que G. Meloni se montre très critique envers Bruxelles…

« Si je gagne, la fête est finie pour l’Europe » avait annoncé la gagnante des élections durant la campagne, mettant en garde Bruxelles de ses intentions d’aller à l’encontre de la centralisation européenne. Elle remet en cause certains principes comme l‘alignement des prix de l’électricité sur celui du gaz, alors qu’elle est critique de la gestion allemande de ce dernier. De plus, elle veut remettre en cause les critères de versement du plan de relance.

Si ce qui peut remettre en cause l’Union pour certains est le rejet des institutions, d’autres voient dans la différence des valeurs la principale source de tension. En effet, G. Meloni est notamment contre l’avortement. Ce qui inquiète la Première ministre française Elisabeth Borne : « Bien évidemment, on sera attentif, avec la présidente de la Commission européenne, à ce que ces valeurs sur les droits de l’Homme, sur le respect des uns et des autres, notamment le respect du droit à l’avortement, soient respectées par tous. » Ces désaccords pourraient donc être un obstacle au fonctionnement commun européen.

… la future présidente du Conseil semble alignée sur les positions européennes à certains égards…

G. Meloni propose une politique étrangère différente des extrêmes droites d’autres pays. En effet, la cheffe de Frères d’Italie est attachée à l’OTAN et semble sur la même longueur d’onde que l’Union européenne en ce qui concerne l’Ukraine. Dès le début de l’invasion russe, elle a dénoncé l’attaque et a soutenu le président du Conseil italien (soit le Premier ministre), Mario Draghi, qui a annoncé vouloir l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Elle est par ailleurs favorable aux sanctions contre Vladimir Poutine.

Néanmoins, il est important de souligner que la situation de l’Italie n’est pas celle de tous les pays d’Europe. En effet, ce pays connaît une situation économique en crise. Il est donc primordial pour l’Italie de recevoir la totalité de l’argent du plan de relance de l’UE (191 milliards d’euros sur un total de 750 milliards ; alors que l’Espagne, deuxième bénéficiaire, percevra seulement 70 milliards d’euros), dont elle n’a pour l’instant perçu qu’un quart de la somme.

G. Meloni sera ainsi quelque peu contrainte de soutenir la politique européenne.

Enfin, il est important de noter que sa coalition contient le parti de Silvio Berlusconi qui n’est pas prêt à faire de concession sur l’Union européenne.

… mais porte tout de même des ambitions en rupture avec la politique de Mario Draghi

En Italie, le gouvernement précédent, issu d’une coalition qui réunissait sept partis pour faire face à la crise de la Covid, était dirigé par un homme convaincu par l’Union européenne : Mario Draghi, ancien président de la BCE. Il menait plutôt une politique de collaboration entre les États membres et d’intégration forte, comme en témoigne le traité du Quirinal signé en novembre 2021.

Ce traité entre la France et l’Italie, qui se voulait être le pendant du traité de l’Élysée entre la France et l’Allemagne, avait pour but de renforcer la coopération entre les deux pays dans des domaines clés tels que la diplomatie, la défense ou la transition environnementale. Il comprenait notamment la mise en place d’un service civique commun aux deux pays.

La Pologne, le plan de relance et l’État de droit

En 2020, la Pologne, dirigée par un gouvernement d’extrême droite, a bloqué le plan de relance de l’Union européenne qui devait permettre de faire face aux conséquences de la Covid-19. Il prévoyait de conditionner l’accès aux financements européens au respect de l’État de droit.

Si un accord avait été trouvé rapidement, la Pologne tardait à recevoir les 36 milliards d’euros de ce plan de relance et a donc finalement accepté en juin 2022 de supprimer la chambre disciplinaire de sa cour suprême. Cette chambre allait à l’encontre des lois européennes, car elle a le pouvoir de juger les magistrats du pays et était perçue comme un outil de répression des juges.

On voit donc que si l’extrême droite a déjà tenté de bloquer l’intégration européenne, elle s’est aussi vue contrainte de la suivre. Néanmoins, Bruxelles avait aussi intérêt à trouver un accord pour donner à Varsovie les moyens de permettre la continuité de la solidarité polonaise dans le cadre de la guerre en Ukraine.

Comment utiliser cet article ?

Tout d’abord, le thème de l’Europe est (comme chaque année) susceptible de tomber aux concours. Or, ce sujet interroge souvent la question de l’unité et du fonctionnement de l’UE. Les changements politiques, surtout lorsqu’ils mènent à la mise en place d’un gouvernement eurosceptique, ont une influence sur ces questions. Il s’agit donc de les prendre en compte.

De plus, la situation polonaise montre comment l’Union européenne réagit quand elle est remise en cause ou même contredite.

N.B. Définition de l’extrême droite pour Nicolas Lebourg (spécialiste français de l’extrême droite) : « Dans notre langue, c’est une expression qui date des années 1820, soit d’un siècle avant l’apparition du fascisme. […] Un mouvement d’extrême droite, c’est un mouvement qui veut régénérer une société sous la forme d’une solidarité organique, il articule ça, à une transformation des relations internationales. »