Tu as sûrement déjà entendu parler du conflit dans la région du Tigré en Éthiopie, que ce soit dans la presse ou à travers les nombreux podcasts de géopolitique. Mais peut-être sans jamais vraiment comprendre ou t’y intéresser en détail ? Ça tombe bien, voici une explication qui te clarifiera les idées !
Un rapide éclairage sur l’embrasement du conflit
Depuis le 4 novembre 2020, le gouvernement fédéral éthiopien et le Front de libération du peuple du Tigré (TLPF) se livrent une guerre sans relâche sur les territoires du Tigré.
Dans la nuit du 3 au 4 novembre 2020, le gouvernement éthiopien, dirigé par le Premier ministre Abiy Ahmed, a accusé les forces du TLPF d’avoir attaqué l’armée fédérale basée dans ces territoires. Malgré cet incident qui a mis le feu aux poudres, les tensions avaient commencé bien avant.
Les origines du conflit : de l’importance des ethnies
L’Éthiopie est un État fédéral d’Afrique de l’Est peuplé de 115 millions d’habitants. La possibilité de faire sécession est inscrite dans la Constitution éthiopienne. Le pays est en effet constitué de plusieurs ethnies : les Oromos (l’ethnie majoritaire d’Abiy Ahmed) et la minorité Tigréenne (6 % de la population).
Depuis plus de 30 ans, la minorité Tigréenne et le TLPF étaient très influents sur la vie politique du pays. En 2018, après l’élection d’Abiy Ahmed, le TLPF reproche au nouveau gouvernement de vouloir évincer la minorité Tigréenne des instances gouvernementales. De son côté, Abiy Ahmed reproche au TLPF de soutenir des forces d’opposition mettant en danger son pouvoir.
La pandémie a mis le feu aux poudres. Le gouvernement fédéral a en effet repoussé à deux reprises les élections et le TLPF a organisé ses propres élections en septembre 2020. Sans surprise, ils en sont sortis vainqueurs. Toutefois, le gouvernement a déclaré ce scrutin illégal et a suspendu les fonds à l’intention du TLPF. La marche à la guerre était lancée, la prétendue attaque contre l’armée fédérale a servi de casus belli.
Des acteurs régionaux impliqués pour tenter de résoudre le conflit
Si cette guerre est à l’origine de nature civile, elle a un impact sur la stabilité de la région. Les voisins de l’Éthiopie ont ainsi déclaré leur soutien à l’un ou l’autre des belligérants. La Somalie et l’Érythrée ont apporté leur soutien au gouvernement fédéral, tandis que le Soudan soutient le Tigré.
Si aujourd’hui le conflit reste cantonné à l’Éthiopie, les risques de propagation à une région déjà déstabilisée, notamment par la famine au Soudan, par le terrorisme et l’instabilité politique, ne sont pas négligeables.
Une crise humanitaire majeure
On recense aujourd’hui plusieurs milliers de morts et de déplacés en raison de ce confit (Amnesty International). S’ajoutent à cela de nombreuses violations des droits humains, surtout auprès des populations civiles : viols, exécutions sommaires, restriction d’accès à l’aide humanitaire, mais aussi destruction d’écoles et d’hôpitaux.
La guerre a contribué à la dégradation des conditions de vie pour une très grande majorité des Éthiopiens, notamment à travers des épisodes de famines. En effet, alors que beaucoup d’entre eux nécessitaient déjà de l’aide humanitaire, on estime aujourd’hui à 22 millions le nombre de personnes en état de détresse humanitaire. Amnesty International parle même d’un « nettoyage ethnique » dans la région du Tigré occidental.
Quel retentissement à l’international ? Quelles controverses ?
D’un point de vue international, certains pays se sont mêlés du conflit, notamment pour soutenir le gouvernement fédéral éthiopien. C’est en effet le cas de la Turquie et des Émirats arabes unis, qui ont livré des drones afin de faciliter la reconquête des territoires rebelles.
En 2019, Abiy Ahmed a reçu le prix Nobel de la paix pour son projet de libéralisation du pays, surtout du point de vue des droits humains. Ce signal fort aurait pu pousser Abiy Ahmed à persévérer dans ses efforts, mais c’est bien le contraire qui semble être arrivé avec la guerre au Tigré.
Quelles solutions possibles ?
En décembre 2021, les troupes rebelles du Tigré ont annoncé vouloir se retirer de certaines zones et accepter le passage de l’aide humanitaire, qui jusqu’alors était bloquée. Toutefois, étant donné que l’accès au Tigré et aux fronts est strictement interdit aux journalistes depuis le début de la guerre, il est difficile de confirmer les dires des deux camps.
Puis, en juin, Abiy Ahmed a évoqué de possibles négociations avec les rebelles qui n’ont pas abouti. Alors que depuis fin août, les hostilités ont repris et que le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exprimé son choc face à la situation, la France quant à elle appelle aujourd’hui à l’arrêt immédiat des combats tout en mesurant son intervention pour ne pas être accusée d’interventionnisme, comme elle a pu le vivre récemment.
À lire aussi : un article sur les scandales de la Françafrique, pour être parfaitement au point sur l’Afrique en géopolitique pour la prépa ECG !