Alors que le Venezuela souffre actuellement d’une crise économique et sociale profonde ainsi que d’un isolement international encore plus fort après les sanctions imposées par Trump à la dictature, il a récemment connu un retour sur la scène internationale. En effet, la guerre en Ukraine et le manque d’approvisionnement de pétrole généré ont conduit les États-Unis à adoucir leurs sanctions et les pays occidentaux à s’impliquer dans la reprise de la discussion entre le gouvernement chaviste et l’opposition. Tout semblait donc bien parti pour que le dictateur Nicolás Maduro et l’opposition cheminent vers un processus électoral « juste » en 2024. Pourtant, l’intervention du gouvernement dans les primaires de l’opposition en octobre et l’invalidation de la candidate élue a bouleversé ce processus. Des élections justes au Venezuela semblent donc s’éloigner et c’est cet enjeu qui va être développé dans cet article.
Contexte historique : une dictature qui résiste malgré les crises
Maduro, un dictateur dans l’ère du chavisme
La présidence de Nicolás Maduro s’inscrit dans l’idéologie d’Hugo Chávez, Président à partir de 1988 qui a instauré un socialisme et un anti-impérialisme dans le pays. Pour tout comprendre au mouvement du chavisme qu’il a lancé et les difficultés rencontrées par la suite par Maduro à son arrivée au pouvoir, je te conseille de lire cet article. En effet, s’il est désigné comme le digne héritier d’Hugo Chávez à sa mort en 2013, Maduro ne possède pas la même carrure et le même charisme permettant au premier de fédérer un pays malgré les crises.
Une solution alors prise par le chef d’État a été la terreur et la mainmise sur tous les pouvoirs du pays, comme l’explique cet article. En 2015, après la victoire de l’opposition aux élections législatives, il décide de créer une Assemblée constituante pour vider de son pouvoir l’Assemblée alors élue.
Maduro est réélu en 2018 suite au boycott des élections par l’opposition, soutenue par beaucoup de pays occidentaux qui reconnaissent Juan Guaidó, leader de l’opposition, comme véritable Président. En 2019, les États-Unis imposent un embargo au pays lié à ces élections frauduleuses.
Une crise actuelle importante au Venezuela
Depuis la mise en place de l’embargo américain et avec la crise sanitaire, la situation se dégrade au Venezuela d’un point de vue économique, politique et social. Le pays, déjà isolé au niveau international, a eu encore plus de mal à exporter son pétrole et a subi par ailleurs une crise sanitaire dévastatrice qui s’ajoute à une pauvreté grandissante. Un symptôme de la crise sociale est l’exil en cours : 7,1 millions de personnes ont quitté le pays, selon les chiffres actualisés en novembre 2022 par la Plataforma Regional de Coordinación Interagencial.
Par ailleurs, le gouvernement continue d’être accusé de crimes contre l’humanité liés à la répression qu’il mène contre l’opposition. Pour en savoir plus sur la réalité des conditions de vie de la population et l’importance de l’idéologie chaviste pour maintenir les possibles révoltes, je te conseille ce reportage de France 24.
Le retour du Venezuela sur la scène internationale
Le poids repris par Maduro à l’international se doit à deux principaux facteurs. D’abord, la crise énergétique causée par la guerre en Ukraine oblige les pays européens et les États-Unis à chercher d’autres sources de pétrole, notamment au Venezuela. D’autre part, l’arrivée des Présidents de gauche en Amérique latine, prônant le dialogue, permet aussi au pays de sortir de son isolement.
Par conséquent, les États-Unis ont commencé à lever certaines de leurs sanctions à partir de mai 2022. En octobre 2023, le pays a même décidé de suspendre pendant six mois les interdictions pesant sur le pétrole vénézuélien. Ce qui pourrait faire augmenter le PIB de 9,4 % en 2024, selon El País.
Par ailleurs, sous l’impulsion du Président colombien Gustavo Petro, le Venezuela a rejoint le système interaméricain des droits de l’homme qu’il avait quitté sous Chávez. Gustavo Petro cherche à jouer le rôle de négociateur dans le retour du Venezuela sur la scène internationale et à rétablir le dialogue avec l’opposition.
Un espoir pour les élections…
Tous ces facteurs ont contribué à allumer une lueur d’espoir concernant la tenue d’élections justes en 2024 au Venezuela. En novembre 2022, Maduro reprend officiellement le dialogue avec l’opposition. Pour assurer la tenue de ces élections, trois conditions doivent être remplies : la levée des sanctions pour soulager l’économie vénézuélienne, le retour dans le système interaméricain des droits de l’homme et la mise en place d’une amnistie générale libérant les opposants politiques emprisonnés.
En octobre 2023, le gouvernement et l’opposition ont finalement acté pour la tenue d’élections au deuxième trimestre de l’année. Des élections pendant lesquelles le gouvernement a promis de ne pas interférer. De son côté, Juan Guaidó n’est plus le Président intérimaire et a arrêté d’être la figure principale de l’opposition au chavisme, qui est de plus en plus divisée.
… avant un retour à la réalité d’une dictature
L’espoir de la tenue d’élections justes au Venezuela n’aura pas tenu très longtemps. Suite à l’écrasante victoire de la candidate María Corina Machado aux primaires de l’opposition en octobre 2023, avec 93 % des votes au total, le gouvernement a décidé de remettre en cause cette victoire.
Selon le président de l’Assemblée nationale, la candidate ne peut pas être élue (comme tous les dirigeants de l’opposition), car il existe une irrégularité dans sa déclaration de patrimoine. C’est donc un grand coup contre le processus des élections que Maduro a décidé de frapper suite à la menace que pouvait représenter Machado.
En effet, celui-ci n’avait pas prévu la haute participation de la population vénézuélienne à ces élections, ce qui pourrait compromettre sa réélection. L’opposition devra alors élire un nouveau représentant dans les prochains jours. Le gouvernement n’est donc nullement prêt à organiser des élections s’il n’est pas certain de gagner. Par ailleurs, le pays essaye de freiner les enquêtes concernant ses crimes contre l’humanité, ce qui pourrait remettre en question le poids qu’il a à l’international.
Vocabulaire
- boicotear : boycotter
- la vuelta a la escena internacional : le retour sur la scène internationale
- reanudar las negociaciones : reprendre les négociations
- la mesa de diálogo : la table de dialogue
- levantar las sanciones : lever les sanctions
- aliviar la economía : soulager l’économie
- gobierno interino : gouvernement intérimaire
- crímenes de lesa humanidad : crimes contre l’humanité
- cobrar protagonismo : gagner de l’importance, du poids
- cuestionar : remettre en cause
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