C’est l’heure de l’analyse du sujet de ESH ESCP SKEMA 2023 ! Tu trouveras dans cet article l’analyse du sujet d’éco ESCP 2023. Quels étaient les points importants à placer dans sa dissertation ? Découvre-le maintenant ! Bien que l’épreuve se situe à la fin des concours BCE, elle n’est pas à traiter à la légère, car elle reste très importantes pour les candidats qui ont choisit l’option ESH. Si tu n’as pas encore vu le sujet d’éco ESCP SKEMA 2023, tu peux le trouver ici.

Mais tu peux aussi retrouver toutes les informations des concours BCE sur notre rubrique dédiée Inside Concours BCE 2023. Plus que jamais, Major-Prépa t’accompagne tout au long des concours. Retrouve le Live Inside Concours à 18h30 tout au long des concours BCE. Le lien de l’Inside Concours de ce jour :

Tu peux consulter les coefficients détaillés de cette épreuve et voir pour quelles écoles elle compte !

L’analyse du sujet ESH ESCP SKEMA 2023

Présentation du sujet

Le sujet tombé à cette épreuve est : « Le premier objectif de la banque centrale est d’assurer la stabilité des prix » – Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. Voici un sujet un peu plus classique que celui tombé à HEC. Et, même s’il peut paraitre rassurant au premier abord, tant il renvoie à des parties de cours très confortables, c’est en réalité un sujet qui demande de faire preuve d’un grand esprit critique. Si l’on peut être tenté de suivre dogmatiquement l’orientation du sujet – tant l’inflation est actuellement un problème en Europe –  il faut prendre du recul, surtout en prenant en compte la date du TFUE : il fut ratifié en 2007 pour une mise en vigueur début 2009. C’est donc un traité qui, s’il s’attaquait aux maux de son temps, n’a pas pu prévoir le paysage économique Européen de la décennie d’après (où l’inflation n’était plus un problème). Autrement dit, l’enjeu du sujet est d’apporter du contexte historique pour à la fois valider ce passage du TFUE et en montrer l’incomplétude.

Un mot de plus sur ce sujet : il est très proche du sujet 1 Ecricome : en effet, les deux banques d’épreuves ne communiquent pas entre elles pour s’assurer de donner des sujets différents. Ceux qui ont assisté au débrief live Major Prépa de l’épreuve d’ESH d’Ecricome étaient au courant ! 

Définition des termes du sujet

Aucun problème de définition pour la Banque Centrale – si ce n’est de faire la distinction très fertile de l’autorité de la BC : elle peut être soumise à l’Etat (comme la FED) ou indépendante comme la BCE. Il aurait aussi été bien vu de parler du TFUE, surtout dans l’optique de préciser le contexte temporel de sa ratification. Enfin, la stabilité des prix revient juste à une inflation maitrisée – et il aurait été intéressant de voir l’évolution de l’avis des BC sur cela : initialement, elle devait être en dessous des 2%, mais aujourd’hui la BCE a changé cela pour dire qu’elle devait être « en dessous mais proche » de ce chiffre, et la FED a même spécifié « autour de 2% », sous entendant que soutenir l’emploi et la croissance pouvait se faire au prix d’une inflation légèrement supérieure à 2%.

Analyse du sujet

A premier abord, il semble tentant de faire un plan « oui-non » de la forme : « Si la BCE doit en effet limiter l’inflation (I), parfois l’inflation est une bonne chose (II) ». Et si les effets positifs et négatifs de l’inflation doivent bel et bien être explorés, un tel plan oublie une partie fondamentale du sujet : une réflexion sur le rôle de la BC : si elle doit en effet effectuer un arbitrage entre inflation et croissance/chômage, elle a d’autres impératifs tout aussi importants : déjà, elle doit faire attention à l’impact de ses actions sur l’instabilité financière, dans la mesure où une politique monétaire trop accommodante produit un flux important de capitaux envers les marchés financiers et immobiliers, ce e qui gonfle le prix des actifs et alimente les bulles spéculatives. D’autre part, comment ignorer le rôle de la BC dans le soutien des politiques budgétaires ? Les BC, en rachetant les dettes des Etats, réduisent les taux d’intérêt à long terme payés par les Etats, ce qui, en réduisant la charge de la dette, libère les Etats de leur contrainte financière. De plus, puisqu’elle a un contrôle direct des taux d’intérêt et un contrôle indirect des taux d’inflation, l’action de la BC a un impact sur la valeur de la monnaie sur le marché des changes. Elle doit donc aussi considérer un arbitrage entre une monnaie faible permettant d’exporter plus compétitivement au prix d’une inflation importée, et une monnaie forte qui permet d’importer à faible coûts (donc de mieux contrôler le niveau des prix). Ce débat est d’autant plus brûlant actuellement, dans la mesure où l’énergie est devenue très chère, et donc qu’avoir une monnaie forte pour l’importer facilement est une quasi-nécessité (voir cet article sur la possibilité d’une guerre des monnaies inversée). Enfin, comment ignorer le rôle des BC face au défi le plus important d’aujourd’hui, la transition écologique ? On peut mobiliser ce chapitre de l’Economie Européenne 2022 pour expliquer que, si les banques centrales commencent à reconnaitre les défis environnementaux (ce qui est qualifié de « vert clair »), elles n’utilisent pas encore leur pouvoir de création monétaire pour directement soutenir des projets verts (ce qui serait de « vert foncé »). Enfin, problématiser sur le « premier » objectif, qui suggère que la stabilité des prix est plus importante que la croissance et l’emploi aurait été intéressant.

Aussi, il aurait été intéressant de considérer l’inflation d’une manière un peu plus profonde, pour comprendre que la politique monétaire n’est pas le deux ex machina qui permet de mettre fin à l’inflation : si c’est une inflation d’offre, une inflation de pénurie, peut-être que lutter contre cette dernière concerne aussi d’autres acteurs (potentiellement, une politique structurelle pour rétablir les capacités productives de la ZE, notamment en termes d’indépendance énergétique).

En vrac, les éléments pertinents pour répondre à ce sujet incluent :

-La règle de Taylor, démontrant que les BC ont historiquement utilisé les taux d’intérêt pour arbitrer entre l’inflation et la régulation du cycle économique (surtout dans la deuxième moitié du 20e siècle).

-La règle de Taylor augmentée, démontrant que les BC doivent prendre en compte le risque financier dans leurs actions. Comme pour sur le sujet Ecricome, on peut citer le cycle financier d’Hélère Rey, les études empiriques sur le lien entre politique monétaire accommodante et instabilité financière, ou l’avis d’Aglietta sur cet enjeu.

-Cet article du Monde de Robert Boyer sur le renouvellement nécessaire du rôle des BC face à l’inflation de l’offre actuelle, intitulé « La lutte contre l’inflation appelle l’innovation et non pas un retour à l’orthodoxie »

-Le rôle de la BCE pendant la période de quantitative easing, leur rachat de titres, autrement dit le passage nécessaire d’un policy mix à dominante monétaire à un policy mix à dominante budgétaire (« fiscal dominance »).

-Le fait que les politiques de QE permettent de « rendre obsolète l’équation de Domar » en contrôlant la charge de la dette (on peut citer ce chapitre de l’Economie Mondiale).

-Le rôle d’absorption des dettes qu’a joué l’Eurosystème pendant la crise covid

Cet article de Jézabel Couppey-Soubeyran qui explique que l’inflation actuelle est plutôt due à un manque d’investissement dans les capacités productives plutôt qu’à un mauvais pilotage des BC.

-Les chocs désastreux du « choc Volcker » qui commence en 1979

-Le débat autour d’une politique de règle ou d’une politique discrétionnaire (les auteurs centraux étant Kydland et Prescott)

-Les débats autour de la finance fonctionnelle et du « mythe du déficit » : envisager un rôle totalement différent de la BC qui reviendrait à monétiser la dette de l’Etat pour permettre à la politique budgétaire de réguler à la fois le niveau des prix, la croissance et les nécessités de l’économie (par exemple avec des investissements en infrastructure). On peut bien entendu citer Le mythe du déficit de Stéphanie Kelton.

-La date de la création de la BCE, et d’autres chiffres importants comme l’inflation moyenne sur la décennie 2010 et l’inflation actuelle en Europe et en France.

-La vision Keynésienne de l’inflation, et la vision monétariste de l’inflation.

-Le rôle coupable d’Alan Greenspan (président de la FED, 1987-2006) dans l’alimentation de l’instabiilté financière jusqu’en 2007.

Plan possible

I – Si les banques centrales ont historiquement choisi d’arbitrer entre l’inflation et le chômage

II – La période de la Grande Modération, et la période d’inflation et de croissance atone sur la décennie 2010 a radicalement changé le rôle des banques centrales – période de « fiscal dominance »

III – Nous vivons actuellement une troisième rupture dans le rôle des BC (défis environnementaux, inflation de l’offre, solvabilité des dettes étatiques, maintien d’une monnaie relativement forte).

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